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Le rhodium est un métal très rare qui était encore à l’abri des spéculateurs. Mais depuis le 24 mai dernier, il a rejoint les autres métaux précieux sur les marchés financiers.

Appelé aussi le « plaqué platine », le rhodium fait partie de la famille du platine. Il est souvent plaqué sur de l’or blanc ou de l’argent pour accentuer la solidité des bijoux et pour les rendre inoxydable. C’est un métal rare, à peine 20 à 22 tonnes sont produites par an et il est bien plus cher que l’or. Jusqu’au 24 mai dernier, il n’existait pas de marché spécifique pour le rhodium, il s’agissait surtout de négociations entre producteurs et utilisateurs. Mais le lancement de nouveaux outils d’investissement financier dans le rhodium vient opportunément relancer la demande dans ce métal précieux. Le 24 mai dernier, la Deutsche Bank vient d’ouvrir aux investisseurs financiers un marché jusqu’alors réservé aux professionnels. Il s’agit de deux nouveaux outils d’investissement assis sur ce métal, ETC « exchange traded commodities ».

Désormais, n’importe quel investisseur peut acheter un ou plusieurs lots de rhodium. Au total ces deux fonds pourront amasser un quart de la production mondiale de rhodium, quatre fois l’excédent anticipé pour 2011 entre l’offre et la demande. L’impact risque donc d’être encore plus important que sur les autres métaux précieux, or, argent, platine et palladium, déjà investis par ces produits financiers. Depuis que les ETC ont été lancés, les négociants et les industriels se sont précipités pour se couvrir en prévision d’une hausse des prix. A 2 350 dollars l’once, le rhodium avait déjà progressé de 20 % en dix jours.

Où sont les limites ?
On a entendu parler de « régulation des marchés financiers », mais les outils spéculatifs sont si nombreux et variés – et si puissants – que l’on peut vraiment s’interroger sur l’avenir d’une quelconque régulation. Les matières premières, précieuses, et alimentaires de base comme le blé sont toutes soumises à la spéculation. On peut d’ailleurs constater qu’en période difficile ou de crise, ces éléments se transforment en produits financiers haussiers et peut importe aux spéculateurs que des petites entreprises souffrent des hausses des matières premières comme l’or. On ne pressent plus de limite aux spéculations financières qui engrangent des profits colossaux, comme une sorte de fuite irresponsable vers un avenir qui sacrifie ou sacrifiera les petites et moyennes entreprises sur l’hôtel d’un « libéralisme sans limite ».

Il est déjà nettement plus rentable d’être spéculateur financier que détaillant et fabricant HBJO. Le rhodium est un exemple parmi tant d’autres, mais étant donné que l’économie fonctionne suivant le modèle ancien des vases communicants, on peut en déduire : Quand les marchés financiers s’enrichissent, les PME-PMI s’appauvrissent.