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Deux bijouteries dans une petite ville de 4000 habitants, Langeac en Haute-Loire ! Comment vivent-elles ? Quel est le quotidien d’un professionnel de la bijouterie dans cette situation ? Pour y répondre, nous avons rencontré monsieur Merle, dirigeant de la boutique la plus ancienne de la ville.

L’Officiel Horlogerie & Bijouterie : Dans un marché qui semble restreint, parvenez-vous à tirer votre épingle du jeu ?
M. Merle :
Langeac est une petite ville dynamique où il y a une vraie clientèle et nous sommes installés ici depuis 1921, deux choses qui permettent un exercice correct de notre métier, même s’il serait plus confortable qu’il n’y ait qu’une bijouterie comme le préconise la norme qui compte une bijouterie pour 8000 habitants. C’est dur mais on s’en sort en s’adaptant à la clientèle.

L’OHB : Est-ce que certaines évolutions comme le développement de l’or 9 carats est un point positif sur votre marché local ?
M. Merle :
Nous avons vu ces derniers temps une montée indéniable de la demande de bijoux en 9 carats. Elle nous a permis de maintenir notre chiffre d’affaires de la dernière quinzaine de décembre au même niveau que celui de 2012. Même si nous avons presque doublé le nombre de clients pour faire le même CA (35 clients en 2012, contre 70 pour un CA quasi identique en 2013). Pour nous, la difficulté ne se situe pas au niveau du marché et de la clientèle, mais au niveau de la profession qui a beaucoup changé.

L’OHB : Qu’est-ce qui aujourd’hui dans la profession semble poser problème ?
M. Merle :
On dirait qu’on veut la mort du petit commerce et tout se dégrade. Les fournisseurs imposent des stocks importants et des délais de paiement de plus en plus courts. Certaines marques se comportent de façon épouvantable en vendant des produits nettement moins chers sur Internet, il devient courant que ces « déstockages » sur le web, correspondent à notre prix d’achat de ces mêmes produits ! On se demande d’ailleurs comment ces marques peuvent vivre ! Et les bijoutiers, comme nous, passons pour des voleurs au regard de nos clients, car nous devons vendre le même produit deux fois plus cher. Ensuite, les « acheteurs internet » viennent chez nous pour les réparations, car ces marques ne font pas de pièces détachées. Sans oublier les délais de livraison de certains fournisseurs, qui livrent encore fin janvier les commandes de Noël…

L’OHB : Comment alors voyez-vous votre avenir ?
M. Merle :
Avec 20 ans de moins, je partirais travailler en Suisse. Aujourd’hui, la situation est difficile pour les petits bijoutiers. Malgré cela, à 69 ans, je continue parce que j’adore ce métier, notre famille le fait depuis trois générations !