Vous ouvrez une boutique de bijouterie – ou vous reprenez – ou tout simplement, vous vous interrogez à propos de vos contrats d’assurance et vos moyens de prévention.
L’Officiel Horlogerie & Bijouterie : Le bijoutier doit-il réévaluer son stock régulièrement pour être en accord avec son assureur ?
Verspieren : Oui, c’est un point important à contrôler, les variations des stocks devant être prises en compte dans le contrat d’assurance. Nous avons connu des situations où le bijoutier n’en avait pas tenu compte, et l’assureur de lui répondre en cas de sinistre, qu’il n’était pas suffisamment garanti. Dans ce cas, l’assureur appliquera au minimum la règle proportionnelle des capitaux prévue au contrat, accompagnée parfois d’autres pénalités relatives à une insuffisance de moyens de prévention par rapport à la valeur totale du stock.
L’OHB : L’or 9 carats, du point de vue assurance, est-il considéré comme une marchandise précieuse ou non précieuse ?
Verspieren : La classification faite entre les marchandises précieuses et non précieuses est différente selon les assureurs et les contrats d’assurance. Il est donc impératif de se reporter à son propre contrat pour y consulter les définitions exactes, et de demander, si besoin, conseil à son courtier. De nombreux contrats classent désormais en « marchandises précieuses » la quasi-totalité des bijoux en or, qu’ils soient en 9 carats ou 18 carats. Attention également aux mentions sur la « valeur unitaire » des bijoux et montres qui modifient la classification selon le prix d’achat.
L’OHB : Quelle est la différence entre les besoins d’un fabricant et ceux d’un détaillant, du point de vue assurance ?
Verspieren : On constate surtout des différences sur les niveaux de protections exigés, notamment du fait des valeurs importantes en matières précieuses détenues par les fabricants (matières premières ou produits finis). Mais il existe aussi des risques spécifiques, comme les transports plus nombreux et plus importants puisque les fabricants réceptionnent et expédient les marchandises. Il y a également les représentants qui sont porteurs de valeurs importantes, sans oublier les salons professionnels auxquels ils participent. Il existe donc des particularités propres à chaque métier, que nous prenons en compte dans nos contrats d’assurances.
L’OHB : Dans le contexte actuel, un bijoutier doit-il être préparé à une éventuelle agression ?
Verspieren : Oui, sans aucun doute possible. L’analyse des vols survenus ces dernières années montre en effet qu’un bijoutier « non préparé » aura plus de difficultés à faire face à une situation de crise, comme un braquage, souvent très brutal. Or nous vivons dans une société et un monde du travail qui ont une exigence plus forte en matière de sécurité des personnes et imposent des moyens minimum basés sur le concept d’éviter la mise en danger de la vie d’autrui. Je pense bien entendu surtout aux employés. De nombreuses professions, dont font partie les bijoutiers, doivent donc mener une réflexion sur l’évolution et l’adaptation de « normes » de prévention minimum.
L’OHB : La dissuasion est-elle un moyen efficace contre le braquage ?
Verspieren : Les bijoutiers ont mis en place des moyens importants de prévention pour limiter les vols et leurs conséquences. Ainsi de nombreuses boutiques de centre-ville sont désormais équipées de sas d’entrée et de diffuseurs de fumée ou marqueurs ADN, les vitrines sécurisées ont été renforcées. D’autres mesures dissuasives sont également mises en place en fonction des spécificités de chaque boutique. Il s’agit en effet de rendre plus difficile l’accès des voleurs aux marchandises de valeur. N’oublions pas qu’un braquage ne dure que quelques minutes et l’objectif des moyens de prévention est bien d’entraver l’action des malfaiteurs.
L’OHB : Comment l’assurance Globale Bijoutiers intervient-elle pour le conjoint collaborateur ?
Verspieren : Il faut se reporter au terme d’ « assuré » dont la définition est donnée dans les conditions générales ou particulières des contrats d’assurance souscrits par le bijoutier, en qualité de commerçant ou artisan exerçant en entreprise individuelle ou en qualité de représentant légal de l’entreprise. Outre l’assurance Globale Bijoutiers dont le principal but est de garantir les stocks de marchandises, un bijoutier est titulaire d’un deuxième contrat important, communément dénommé « Assurance Multirisques Professionnelle ». L’objet de ce contrat est de garantir à la fois les locaux et les autres biens professionnels constituant son fonds de commerce, et sa responsabilité civile dans l’exercice de ses activités professionnelles. Et c’est plus particulièrement ce deuxième contrat qui concerne la responsabilité du conjoint collaborateur.