Le bilan des forces
Actuellement le secteur de l’horlogerie-bijouterie représente 5 000 emplois pour 82 600 emplois salariés principalement dans des PME-PMI, soit environ 6 % de l’économie globale du Grand Besançon. De grandes marques horlogères, Dodane, Seiko, Swatch group, Audemar Piguet, Breitling, Festina,… ont trouvé à Besançon le cadre propice à leur développement. Dans les hauteurs jurassiennes, la tradition horlogère perdure avec des fleurons de l’industrie horlogère française comme la Maison Pequignet, pour ne citer qu’elle, de Morteau, la seule à fabriquer encore des mouvements français. La région dispose également d’un solide réseau de sous-traitants dont le savoir-faire est très prisé des horlogers suisses et des marques de la Place Vendôme. Les fabricants de composants et d’accessoires ont passé les hauts et les bas de l’horlogerie mondiale, certains sont même devenus des entreprises importantes (IMI, Interstrap,…) On fabrique toujours ici, des boîtes, des bracelets, cuir ou métal, des ébauches de mouvement, des couronnes, des verres… Et il existe un panel complet de formations à l’horlogerie permettant de trouver sur le territoire l’ensemble des compétences recherchées dans ce domaine.
C’est souvent dans les crises que se forgent les destins
Aujourd’hui le contexte mondial horloger est en train de changer. Au plan national, un certain nombre de marques horlogères comme Cartier, Chanel, Dior,… tirent un avantage marketing à être française, pays du luxe, mais fabriquent en Suisse pour avoir le fameux label Swiss made ! En termes de production, qui tient le marché ? Est-ce l’Asie qui, en volume, produit le plus de montres ou la Suisse dont le chiffre d’affaires est de 22 milliards de Francs suisses à l’export pour un volume 4,5 fois moindre de montres ? Et que dire du déplafonnement du franc Suisse. Coup de tonnerre près de nos frontières qui, à court terme va entraîner des ajustements dans le volume de la main-d’oeuvre des manufactures suisses pour gérer leur hausse du coût du travail. Alors même que leur activité à l’export ralentit, que le marché asiatique se tarit et que le blocus russe actuel a fait chuter le rouble. La conjoncture économique est agitée mais contient peut-être des éléments favorables à la région bisontine pour repasser à l’offensive ?
Le SAV, un enjeu majeur pour l’horlogerie suisse
C’était le thème des Journées mondiales du marketing en 2013 à la Chaux de Fond, c’est dire la prégnance de la question et l’urgence de la recherche de solutions. Le SAV fait partie de la qualité attachée à une marque, si celui-ci fait défaut, la renommée de la marque en pâtit. Or la Suisse manque cruellement de sous-traitants pour entretenir et réparer, les belles montres qu’elle produit alors que Besançon a un magnifique réseau de sous-traitants qualifiés et des leaders dans la fourniture de pièces comme les bracelets, couronnes,… Et tous sont capables de satisfaire les exigences de qualité et de précision de leurs voisins suisses. C’est d’ailleurs la stratégie affirmée du Grand Besançon que d’afficher haut et fort son territoire « Swiss compatible ». Il est en plus idéalement placé géographiquement pour que les grandes marques ouvrent leur centre de SAV avec la certitude de trouver et de garder une main-d’oeuvre qualifiée. Ce que Breitling a fait sur la Technopôle TEMIS ! D’autres pourraient suivre…
Besançon recommence à espérer
Demain, l’opportunité existant aujourd’hui pour les sous-traitants et le SAV pourra peut-être s’étendre à la production de composants et de montres. Dodane et Phillipe Lebru, seuls exposants français à Bâle cette année, ont fait le buzz. SMB a racheté Lip et réédite les montres Charles de Gaulle, Churchill, la Croix du Sud de Mermoz. La création de nouvelles montres LIP – signées Besançon parce qu’assemblées à Besançon – est en cours. Aujourd’hui les vents sont favorables à Besançon qui comme Hughes Auffrey peut recommencer à chanter son espoir « Quand les vents tourneront, nous repartirons… »