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Le WWF et le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) se sont associés pour travailler sur le problème de la traçabilité scientifique de l’or. Avec un certain succès.

Un souci d’éthique préoccupant
L’orpaillage illégal en Guyane ne pose pas seulement des problèmes d’éthique et de sécurité (deux militaires français tués il y a quelques années), mais aussi des problèmes de concurrence déloyale et de pollution de l’environnement (destruction de cours d’eau, mercure rejeté dans la nature, sites non restaurés après utilisation). C’est pourquoi, dans le cadre de son programme Traçabilité Analytique de l’Or (TAO), le WWF a essayé de savoir si l’or pouvait être tracé et son origine établie de façon certaine. Pour ses recherches, il s’est appuyé sur le BRGM, dont la conclusion a été qu’il était désormais possible de reconnaître l’or produit illégalement.

Une production illégale qui surpasse de 5 à 10 fois la production légale
Le problème posé en Guyane est de taille. Son potentiel en or est d’au moins 200 tonnes sur les sites en exploitation actuellement. Deux filières minières se partagent aujourd’hui l’extraction aurifère : une filière officielle, employant environ 500 personnes pour une production annuelle comprise entre 1 et 2 tonnes, et un secteur illégal produisant environ 10 tonnes par an grâce à une main-d’oeuvre majoritairement clandestine pouvant compter jusqu’à 10 000 « garimpeiros ».

L’ADN des grains d’or
À l’heure actuelle, 80 % des bijoutiers ne connaissent pas la provenance de l’or qu’ils utilisent, contrairement aux diamants dont l’origine est certifiée. Les outils pour identifier la provenance de l’or à partir de ses propriétés physico-chimiques n’existaient tout simplement pas. Alors comment caractériser un gisement par la chimie d’un grain d’or ? Le BRGM a étudié de façon approfondie près de trente échantillons issus de plusieurs sites géographiquement distincts, sur des gisements et des produits de différents types. À partir d’observations microscopiques jusqu’aux analyses isotopiques les plus pointues, il a pu identifier les différents sites d’exploitation grâce à la composition chimique unique des grains d’or. Plus intéressant encore, cet ADN subsiste même après la première fonte du métal, laissant entrevoir un potentiel de traçabilité plus en aval des filières aurifères.

Des premiers tests encourageants
Lors de tests réalisés à l’aveugle, le BRGM a pu reconnaître sans aucune erreur l’origine des échantillons qui lui ont été soumis. Il est donc possible de séparer l’or produit illégalement de celui qui est issu des mines déclarées en identifiant le recours au mercure que seuls les orpailleurs clandestins utilisent. Ces résultats vont permettre de passer aux applications concrètes. Les enquêtes judiciaires pourraient notamment disposer d’un outil supplémentaire pour déterminer l’origine d’échantillons saisis, tandis que les opérateurs miniers pourraient valoriser leurs bonnes pratiques à l’aide d’une garantie d’origine contrôlée.