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En visite chez un confrère belge, Christophe Verrycken, bijoutier dans une ville à proximité de Bruxelles, nous n’avons pas résisté à « parler boutique » !
L’Officiel Horlogerie & Bijouterie : Votre cursus professionnel est classique pour un bijoutier…

Christophe Verrycken : Absolument. J’ai d’abord suivi une formation traditionnelle de bijoutier à l’École de Joaillerie d’Anvers, et mon diplôme à peine en poche, je me suis installé, comme créateur indépendant en 1992 où j’ai exercé durant 7 ans. Ensuite, j’ai eu envie de posséder une boutique. La première fut à Bruxelles, mais après trois braquages, j’ai préféré, en 2011, sortir de la capitale pour m’établir à Wavre.

L’OHB : Et depuis votre installation, tout va bien !

C. Verrycken : Oui, j’ai trouvé un rythme qui s’articule autour de trois activités. La première est la création régulière de petites collections à thème exposées en vitrine et destinées à la vente directe. Ce sont toutes des pièces uniques, qui entrent pour 17 % de mon CA.

Ensuite, la création de pièces « à la demande » de clients, particuliers ou professionnels, est de loin, la part la plus importante de mon travail (80 %). Je peux fabriquer une pièce entièrement à partir d’un dessin, description, ou d’éléments apportés par le client : des pierres, ou des bijoux dont on va reprendre les métaux précieux et les pierres, pour recréer une pièce totalement différente. Enfin, disposant d’un atelier, il est fréquent que particuliers ou professionnels me sollicitent pour de petites réparations. Cela fait partie des services attendus par la clientèle.

L’OHB : Bijoutier à Wavre, est-ce facile ?

C. Verrycken : « facile », je ne sais pas mais « agréable » sûrement. Wavre est une petite ville où les bijoutiers sont nombreux puisqu’il y a 8 bijouteries pour une population de 35 000 habitants. À 15 minutes seulement de la capitale, les Bruxellois aiment venir faire du shopping. Mais faire les vitrines ne signifie pas forcément acheter et plutôt que pousser la porte d’une bijouterie, les promeneurs regardent la vitrine et vont parfois acheter sur Internet.

Néanmoins ce n’est pas un problème pour moi car mes bijoux sont uniques, et ne sont pas sur le Net. C’est une force dont il faut profiter sans perdre de vue les efforts commerciaux à faire pour garder et attirer des clients dans un marché actuel qui évolue sans cesse. L’ouverture de centres commerciaux, a favorisé le développement de bijoux à petits prix qui, en Belgique comme ailleurs, tirent les prix vers le bas.

Cependant, même avec une TVA à 21 %, le prix des bijoux est un peu moins élevé qu’en France, et les achats sur le Net sont aussi, semble-t-il, un peu moins importants qu’en France. Deux facteurs qui peuvent expliquer que les acheteurs aisés des magasins de centre-ville soient encore nombreux en Belgique.

L’OHB : Ici aussi, le commerce de la bijouterie et le rôle du bijoutier ont changé.

C. Verrycken : Cela n’a jamais été aussi vrai. Aujourd’hui, il ne suffit pas de mettre de belles pièces en vitrine et d’attendre le client. Le rôle de conseil est primordial, il faut être partout à la fois, à l’écoute de ses clients et surveiller les évolutions des techniques de travail et du marché.

Autrefois, je réalisais une aquarelle pour présenter un projet personnalisé à un client, maintenant, logiciel de prototypage et imprimante 3D ont remplacé mes pinceaux et sont plus pratiques pour discuter et concrétiser une idée avec un client afin de s’adapter à son budget.

Les modes d’achat, les goûts de la société et les technologies changent vite, aussi quel que soit le pays, il faut rester attentif et s’adapter à son marché, qu’il soit local ou international. Et surtout, garder la passion de son métier. M.T.

http://christopheverrycken.be