Créer un groupe horloger français, c’est l’ambition de 4 anciens cadres qui ont décidé d’unir leurs compétences et leur passion d’entreprendre pour redonner à l’horlogerie française ses lettres de noblesse. Mais qui dirige le groupe Aiôn et quel est cet ambitieux défi ?
Qui dirige le groupe Aiôn ?
Les 4 cofondateurs ne sont pas tous des horlogers et c’est sans doute cela leur richesse. Ils cumulent toutes les compétences nécessaires à leur entreprise. Antony Simao est diplômé de l’école d’horlogerie de Morteau. Formé chez Breitling et Audemars Piguet, il a eu un parcours riche en expériences. D’abord prototypiste chez Chronode (sous-traitant pour MB & F, Hublot, Hyt…) il prend ensuite la direction d’une société de sous-traitance horlogerie et décorations pour les marques Parmigiani, Richard Mille, etc. Puis il crée sa propre marque de montres d’excellence, Lornet. Olimpiu Salcou est conseiller en pilotage d’entreprises et accompagnement individuel. Il a de fortes compétences en management, RH et en gestion-comptabilité. Céline Guth a assuré diverses responsabilités dans le secteur privé et au sein d’une organisation internationale en gestion budgétaire, en planification stratégique et en évaluation de projets internationaux. Quant à Hubert Patural, il est le fondateur et l’administrateur général d’OCBI Investment, réseau international d’entrepreneurs-investisseurs à enjeux responsables.
Avec quelle ambition ?
Le groupe a créé une société dite « à mission », qui est engagée pour la préservation des savoir-faire et participe à la réindustrialisation de la France. Grâce à ses capacités technologiques – il possède un véritable savoir-faire en développement et production de spiraux – il compte faire de notre pays un véritable concepteur et producteur horloger, reconnu sur la scène internationale. Tout part d’un constat : la France est leader du luxe et cette industrie constitue l’une de ses sources principales de revenu à l’export. Mais l’horlogerie en est quasiment absente, devancée, de très loin, par la suisse. Pourtant, de nombreuses compétences existent bel et bien sur le territoire, composées d’horlogers, d’artisans, d’ingénieurs et d’entrepreneurs, fournisseurs de qualité de l’horlogerie suisse.
Des capacités de production non négligeables
Le groupe Aiôn ambitionne de positionner la France comme un pays producteur horloger à l’international, proposant ainsi une alternative aux acteurs en Asie ou encore en Suisse. C’est d’ailleurs dans ce pays qu’il a acquis une manufacture horlogère avec son outil industriel opérationnel (450 machines). Une usine de 10 000 m2 se construit à la Ciotat où sera transféré l’essentiel de la production (composants horlogers, mouvements et spiraux), ces derniers représentant l’atout majeur de la manufacture. La capacité de production est de 400 000 mouvements par an à horizon 2025. La production des pièces horlogères sera essentiellement assurée en interne et, pour quelques rares savoir-faire très spécifiques, des sous-traitants européens viendront en soutien. La proximité de tous les acteurs assurera une bonne maîtrise de la qualité de fabrication et des coûts. Sans compter que la présence du groupe Aiôn dans le Sud de la France, donc dans l’espace économique européen, aura des avantages pour les futurs clients : délais réduits, pas de droits de douanes, etc.
Un écosystème en action
L’activité des différentes filiales a débuté et Aiôn projette d’employer 160 collaborateurs d’ici 5 ans. Une équipe de 7 opérateurs a déjà été recrutée et formée. Le groupe Aiôn a également débauché des profils spécialisés dans différents secteurs : bureau d’études horloger, production et commercialisation de composants et de mouvements, décoration, assemblage et service-après-vente, production et commercialisation, gestion logistique et distribution. Tous les profils ont des parcours professionnels dans de belles marques : Audemars Piguet, Louis Vuitton, Patek Philippe, Rolex, Philip Morris, etc). Le groupe Aiôn, s’implantant en France et donc dans l’espace économique européen, peut accompagner de manière compétitive des Maisons horlogères du monde entier, de la conception à la distribution de leurs produits. La manufacture est également située dans un bassin où diverses industries sont installées avec des compétences – construction mécanique, aéronautique, industrie médicale – compatibles avec l’horlogerie. Redorer le blason horloger français, assurer un vaste écosystème de production, travailler en réseau pour conquérir de nouveaux clients, l’initiative est intéressante et innovante. Le groupe Aiôn, s’il fait ses preuves, ne peut que renforcer l’image de notre pays à l’international. I.H.