Dans le contexte d’un marché dynamique, la filière connaît une pénurie de main-d’œuvre. Face à cette situation, la profession se mobilise pour faciliter le recrutement et la formation.
Avec un chiffre d’affaires qui a avoisiné les 6 milliards d’euros en 2022, la fabrication française de bijouterie et joaillerie connaît une forte croissance, en particulier depuis la fin de la crise Covid. Selon les chiffres publiés par l’UFBJOP (Union française de la bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, des pierres et des perles), le secteur regroupe plus de mille entreprises sur le sol français.
Il emploie environ 25 000 salariés, avec un taux d’employabilité de 90 % ; il a acquis une place majeure sur l’échiquier international – cinq des plus grands acteurs du secteur au niveau mondial sont français – constituant ainsi une branche prépondérante de l’industrie française.
Un secteur marqué par une carence de main-d’œuvre
Revers de la médaille de cette belle santé, le secteur connaît une importante pénurie de main-d’œuvre, en particulier pour certains profils de compétences comme le sertissage. Il est donc crucial pour accompagner cette dynamique et préserver le Made in France, d’augmenter les forces vives en agissant sur la formation et sur le recrutement.
La filière, qui compte déjà un appareil de formation constitué de plus d’une dizaine d’écoles professionnelles et de centres de formation qui forment 1 200 élèves par an doit agir pour augmenter encore ces cohortes. La Haute École de joaillerie (gérée par l’UFBJOP), qui dispense des cursus de formation initiale, continue ou en alternance, attire de plus en plus de candidats et a vu le nombre de ses étudiants passer de 200 à 600 en cinq ans.
«L’école organise deux job datings par an, un entrant pour les personnes voulant s’inscrire en apprentissage et un sortant pour les étudiants en fin de cursus. Nous manquons souvent de jeunes pour ces deuxièmes rendez-vous, les trois quarts d’entre eux ayant été recrutés durant leurs études », témoignait en juillet 2023, dans Le monde des artisans, Michel Baldocchi, directeur général de l’école.
L’école a d’ailleurs ouvert en octobre dernier un nouveau campus à Lyon, en région Auvergne Rhône-Alpes, deuxième bassin d’emplois pour la filière après l’Île-de-France. L’UFBJOP a, de son côté, créé l’an passé un pôle « Attractivité des métiers ».
Dans ce cadre, l’Union a notamment noué un partenariat avec la fondation Mozaïk, qui mène des actions en faveur de l’inclusion et de l’égalité des chances, afin d’identifier 10 jeunes issus de quartiers prioritaires en Ile-de-France et à Lyon : l’objectif est de les accompagner jusqu’à leur entrée dans un parcours de formation diplômant à partir de septembre 2024.
L’Union a signé en octobre 2023 une convention de trois ans avec Pôle Emploi (devenu France Travail) pour renforcer les synergies entre les deux entités afin de promouvoir les métiers de la filière et faciliter recrutement et insertion des demandeurs d’emploi dans les métiers de l’HBJO.
L’engagement des grandes maisons dans la formation et la transmission
Conscientes de l’enjeu que cela représente, les grandes maisons sont aussi engagées, depuis de nombreuses années pour certaines, dans la formation et la transmission des savoir-faire. C’est le cas de Cartier qui a ouvert son Institut de joaillerie en 2002 avec pour mission la transmission et la préservation du savoir-faire joaillier, ainsi que le développement de nouvelles compétences et techniques.
Fidèle à la tradition d’excellence de la maison, l’institut promeut l’artisanat et assure une formation continue grâce à des relations privilégiées avec les établissements d’enseignement. Van Cleef & Arpel fait également partie des grandes marques engagées dans cette voie, notamment avec son programme « De mains en mains ».
Cette initiative permet à des élèves du secondaire de découvrir les métiers de la joaillerie et leurs formations. «La joaillerie est une industrie en très forte croissance, nous avons besoin que de plus en plus de personnes se tournent vers ces métiers», déclarait en décembre dernier Marie-Aude Stocker, directrice internationale des ressources humaines de Van Cleef & Arpels, dans un entretien pour Lyon Capitale à l’occasion de la troisième édition de ce programme à Lyon. V.H.