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Malgré les tensions actuelles qui pèsent sur le marché, le fondateur et dirigeant du groupe Kogolo se veut optimiste sur l’avenir des sous-traitants indépendants et se dit prêt à monter en puissance lorsque la reprise sera là.
L’OFFICIEL HORLOGERIE & BIJOUTERIE : Le marché est difficile. Dans quel état d’esprit vous trouvez vous ?

JEAN DANIELIAN : J’ai un sentiment de déjà- vu. En trente et un an d’existence, c’est la troisième crise que je dois affronter, mais elle n’est pas du niveau de celle de 2008. Quelques signes me font penser que nous avons passé le plus dur et que le futur sera progressivement meilleur.

L’OHB : Comment analysez vous le contexte actuel ? Et comment percevez vous le rôle des grandes maisons sur les tensions au sein de la chaîne de fabrication ?

J. DANIELIAN : Je pense que l’agitation actuelle traduit les peurs de chacun et qu’il s’ensuit parfois des décisions inappropriées dans les hautes sphères. À peine quelqu’un tousse-t-il à l’autre bout de la planète que tout le monde s’enferme chez soi avec une tonne de médicaments au cas où…

Nous savons qu’il y a des guerres dans certains pays et elles ont forcément une incidence sur l’économie mondiale. Mais à voir le moral en berne des Français, on a l’impression qu’elles se déroulent chez nous et que les fusils sont braqués sur nos tempes.

Le climat est bien sûr morose, mais c’est justement dans ces moments difficiles que l’on doit redoubler d’énergie, faire preuve d’inventivité, investir, former. Tout le monde sait que les commandes vont revenir et que les marques vont nous solliciter à nouveau.

L’OHB : Toutefois la plupart des grandes maisons se sont dotées de leurs propres unités de fabrication…

J. DANIELIAN : Lorsque j’ai appris le rachat de deux des fleurons de la fabrication lyonnaise, j’ai su que ces entreprises, dynamiques malgré leur taille imposante, allaient perdre en capacité. Un directeur d’entreprise parachuté n’aura jamais la même vision ni la même rage que son fondateur.

Et ce même fondateur perdra de sa motivation s’il se voit confier la direction d’une entreprise qui n’est plus la sienne. Je n’ai jamais été inquiet par les opérations de rachats successifs.

L’OHB : Comment voyez vous l’avenir des sous-traitants à court et moyen terme ?

J. DANIELIAN : Lorsque la crise sera passée, il y aura des opportunités d’évolution pour nous sous-traitants. Bien que dépendants des décisions des grandes maisons, nous sommes en réalité les moteurs de la fabrication et notre carburant est la charge de travail.

L’interdépendance entre chaque partie est évidente. Certains l’ont compris et font le nécessaire pour nous maintenir à flot, alors que d’autres agissent en purs financiers. Ils pensent qu’il suffit de deux ou trois clics et quelques chiffres sur Excel pour recréer des ateliers comme les nôtres. C’est mal connaître la réalité du terrain.

L’OHB : Vous n’êtes donc pas particulièrement inquiet ?

J. DANIELIAN : Non, mais je voudrais que tous mes homologues, chefs d’entreprise, se rappellent tous les sacrifices qu’ils ont fournis et prennent conscience de la force qui est la nôtre. Ce n’est pas une révolution à laquelle j’aspire, mais à un juste équilibre entre toutes les strates de la corporation afin d’aller vers des lendemains meilleurs.

L’OHB : Qu’en est-il de la situation chez TGN 409 et DJ Serti ?

J. DANIELIAN : DJ Serti fait le dos rond. Notre chiffre d’affaires a considérablement baissé, même s’il a encore de quoi faire des envieux. Nous sommes donc très vigilants sur les dépenses superflues, mais nous continuons d’allouer des budgets pour le recrutement et la formation de jeunes personnes motivées.

Quant à TGN 409, la société est en pleine expansion. La mainmise par les grands groupes de luxe sur les principales unités de fabrication pousse les marques plus petites vers nos ateliers.

C’est un retour à ce que j’ai connu par le passé : une relation directe avec les porteurs de projets, plus humaine plus rapide, où l’entraide est encore le cœur du sujet. Nous faisons grandir les petits pour grandir avec eux.

L’OHB : Qu’en sera-t-il lorsque vous serez à nouveau fortement sollicités par les grandes maisons, comme vous l’étiez ces dernières années ?

J. DANIELIAN : Nous répondrons présents bien évidemment. Mais les crises successives m’ont enseigné la prudence. Lorsque tous les regards sont braqués dans la même direction, il est primordial de tourner le sien vers d’autres horizons pour anticiper une parade.

C’est maintenant que le projet TGN 409 prend tout son sens. Derrière le plaisir personnel à développer une nouvelle voie professionnelle, il y a toujours eu le souci pour ma part de réduire notre dépendance. Je constate avec satisfaction que l’objectif est atteint.

contact@tgn.409.fr
Tél : 09 86 17 19 16