Même si la filière horlogère française n’est pas étanche à la conjoncture économique, les grandes marques horlogères continuent leur chasse aux talents.

Rolex, Patek Philippe, Audemars Piguet, Omega, Cartier et Richard Mille, pour ne citer qu’eux, font chaque année leur marché dans l’école française horlogère, pour détecter les futurs talents. Des talents bruts, « précis, habiles, minutieux », qu’ils espèrent faire briller demain au sein de leurs manufactures pour que ceux-ci défient les complications les plus complexes.

Si le marché horloger est, pour l’heure, en France, orienté vers une relative stabilité, la dynamique de certaines marques impose de dénicher perpétuellement des talents formés dans tout l’Hexagone, dont le « dénominateur commun est la passion », souligne Thierry Finck, proviseur du lycée Edgard Faure de Morteau, ville emblématique de l’horlogerie française.

250 horlogers par an formés en France

« Même si le marché de l’horlogerie est un peu moins florissant, les marques ne réduisent pas la voilure sur le terrain de l’emploi ; elles renouvellent les postes, certaines en créent même.

Elles chassent donc les meilleurs parmi les écoles les plus renommées », souligne Laurent Baup, délégué général de la Fédération de l’horlogerie qui représente 105 marques horlogères réalisant un chiffre d’affaires consolidé de 2,5 milliards d’euros prix public et employant 2500 salariés sur les 6000 qui gravitent dans le monde horloger dans sa totalité.

 

Une vingtaine d’établissements émergent pour les jeunes dont les plus cotés sont le lycée Edouard Faure à Morteau, le lycée Diderot à Paris, l’Ecole d’horlogerie à Fougères (Bretagne) ou encore le lycée Jean-Jaurès à Rennes. Des institutions qui accueillent chaque année « très peu d’élus » et qui suscitent la convoitise des marques les plus prestigieuses.

« Les profils les plus recherchés ce sont les CQP (Certification qualification professionnelle) horloger qualifié et les DN MADE (Diplôme national des métiers d’art et de design) », souligne Laurent Baup qui estime que 250 horlogers sortent chaque année d’une formation dédiée en France.

 

« Près d’un tiers des horlogers formés sont ensuite recrutés à l’étranger essentiellement en Suisse. Avec un CQP, un DN MADE et un Brevet de métiers d’art (BMA), ils sont recrutés à plus de 95 %. Avec un seul CAP c’est plus difficile, car les marques recherchent prioritairement des horlogers capables de prendre en charge la réparation des montres clients avec peu de marge d’erreur.

Et elles recherchent aussi des profils d’horlogers qu’elles pourront faire évoluer dans le respect de leurs process. »

Un secteur qui transmet son héritage

Des process sur lesquels les enseignants de la filière horlogère du lycée Edgard Faure de Morteau insistent tout au long du cursus qui peut démarrer au CAP pour se poursuivre jusqu’au DN MADE. « Chaque année, nous recevons en moyenne pour nos différents cursus 300 candidatures venues de toute la France et émanant de jeunes très motivés, passionnés par l’horlogerie.

Seulement un tiers sont retenus. Nous sommes sur une filière qui attire mais il y a très peu d’élus », souligne Thierry Finck, proviseur du lycée Edgard Faure de Morteau. Et de poursuivre : « le métier d’horloger est pratiqué par des professionnels issus de la voie scolaire ou de l’apprentissage.

 

Après un CAP horlogerie obtenu en écoles spécialisées ou au lycée professionnel, nous conseillons aux futures recrues de poursuivre leurs études en passant un BMA Horlogerie. » De fait, en CAP horlogerie, les étudiants apprennent sur deux ans les bases du métier avec une formation théorique et pratique basée sur l’apprentissage.

Programmé sur deux ans, le BMA horlogerie leur offre ensuite la possibilité de se perfectionner : ils travaillent alors sur des mouvements plus petits et réalisent un peu d’usinage en 3 D. Enfin, le niveau supérieur sur trois ans est accessible grâce à l’obtention d’un DN MADE mention Haute Horlogerie. Par ailleurs des certificats de qualification professionnelle (CQP) existent comme celui d’horloger-rhabilleur ou sur les montres à complications.

Des cursus recherchés sur le marché du travail

C’est en Bretagne, à l’Ecole d’horlogerie de Fougères (émanation de la CCI), qu’est formée depuis vingt ans une partie de l’élite horlogère française. Au sein de cet établissement, qui dépend de la Faculté des métiers, sont formés chaque année seize horlogers.

« Dès la création de la filière financée par la Région, il a été décidé de proposer une formation correspondant aux besoins des manufactures haut de gamme », explique Hervé Coirre, le coordinateur en charge de la filière horlogère. A Fougères, les apprentis horlogers sont à temps plein sur le métier à raison de 40 heures par semaine sur deux ans (3200 heures dont 420 en entreprise).

 

Pour prétendre intégrer l’école, il faut être demandeur d’emploi, en phase de reconversion et avoir réalisé un stage d’immersion et bien sûr être motivé.

L’établissement recevrait chaque année 120 candidatures « mais il y a très peu d’élus », souligne aussi Hervé Coirre qui précise que « la formation, qui valide le certificat de qualification professionnelle et le WOSTEP (programme de formation et d’enseignement des horlogers de Suisse), correspond à 95 % aux besoins des acteurs de l’horlogerie haut de gamme…

Nous avons principalement des horlogers qui s’orientent vers le service après-vente, le reste se tourne vers la production. Ils trouvent en général un emploi dès leur sortie et une grande partie intègre des marques de prestige que ce soit en Suisse ou en France », assure-t-il.

E.R.