L’Académie du Luxe à Paris, structure de formation dédiée aux professionnels et aux métiers du luxe, organisait en juillet dernier une conférence sur l’utilisation des pierres et des métaux précieux en cosmétique.
L’utilisation des minéraux, des gemmes et des métaux dans la beauté remonte aux Egyptiens. Or, argent, turquoise, lapislazuli se mêlaient aux substances aromatiques pour orner ou régénérer les corps. 5 000 ans avant Jésus-Christ, la pierre était déjà broyée pour être utilisée en fard. Le teint de porcelaine des chinoises – « teint de jade » disait-on en référence au précieux jade blanc, plus rare que le diamant – s’obtenait à partir de perles pilées et mélangées à une crème. Les différentes couleurs de fards s’obtenaient avec la malachite (vert), le lapis-lazuli (bleu), mais le khôl et la crème pour éclairer le teint étaient des substances extrêmement toxiques car contenant du plomb ou de l’arsenic. Les femmes mouraient, sans le savoir, d’avoir voulu être trop belles ! Diane de Poitiers affirmait que son secret de beauté était de prendre « une boisson d’or liquide tous les matins » et elle vécut longtemps. D’ailleurs, on identifia son squelette à la teneur en or excessivement élevée qui se trouvait dans ses os. « Broyez et buvez du jade, et vous vivrez un millier d’années », disaient aussi les sages de la Chine ancienne. En Europe, on buvait du diamant pilé, supposé guérir de certains maux, au Japon de la perle pilée pour traiter les maladies oculaires et cardiaques…
Que reste-t-il aujourd’hui de ces anciennes pratiques et croyances
Les marques ne sont jamais à court d’idées marketing. Les matières naturelles sont à la mode ? Alors pourquoi pas les pierres et les métaux précieux, depuis des siècles dans le ventre de la terre ? En avant, donc, pour la nouvelle fièvre de l’or ! Ainsi Dior a lancé sa collection de bijoux à décalcomanier Ors de peau, et une ligne de tatouages 24 carats (sic !), Guerlain met de l’or dans un voile de teint, Nuxe a sa fameuse Huile Prodigieuse Or. Non seulement l’or a des vertus anti-oxydation, qui préviennent du vieillissement, mais il révèle et ravive l’éclat d’une peau terne. Bulgari a fait une tentative – sans suite – sur ce marché avec Gem Essence (gemmes sous forme liquide ou en poudre micronisée). Gemology Cosmetics propose une large gamme de produits de soin à base de pierres précieuses (« ces minéraux à l’abri de toutes les pollutions »). Be.O commercialise une poudre de saphir, une poudre de tourmaline et un précieux complexe alliant améthyste et topaze à l’eau de l’île de Molène. Le rubis riche en chrome, le saphir riche en fer ou l’améthyste riche en silicium semblent tous contenir des vertus de beauté… Quant au diamant, grâce à sa structure tridimensionnelle, il permet de réfléchir la lumière de façon exceptionnelle. Les marques ne sont pas dénuées d’idées pour stimuler l’imaginaire lié aux pierres dont la valeur ancestrale et la rareté sont un gage de préciosité… et de communication séduisante.
