En 2012, l’assassinat de deux soldats français par des trafiquants brésiliens a relancé le douloureux débat de l’orpaillage illégal en Guyane française.
Un an après la mort des deux soldats, rien n’a vraiment changé, à en croire les enquêteurs sur place. La Guyane est enclavée dans le Brésil, avec lequel elle partage 730 kms de frontière incontrôlable, et les orpailleurs clandestins brésiliens continuent à se servir largement dans le sous-sol guyanais. La contrebande ne faiblit pas, entraînant son corollaire de criminalité, de prostitution, de trafics en tous genres, et surtout une pollution des sols et des rivières au mercure, intoxiquant les habitants qui consomment les produits de la pêche.
Le WWF a tiré la sonnette d’alarme et constaté une situation désastreuse, dont il est d’autant plus compliqué de s’extraire qu’elle fait vivre des milliers de personnes au Brésil et quelques-unes au sein du gouvernement. La France se trouve dans une position difficile, car les intérêts en jeu sont importants. Le Brésil, premier partenaire en Amérique latine, a signé en 2009 un contrat d’armement de 10 milliards d’euros, qui pèse plus lourd que l’orpaillage clandestin en Guyane. Les élus brésiliens n’ont d’ailleurs jamais signé l’accord de 2008 qui prévoyait une coopération avec la France sur le sujet. De plus, la Guyane, exception française, est dispensée de l’application de la loi sur la garantie de l’or, ce qui interdit toute traçabilité du métal extrait.
Dans ce contexte, il faut donc signaler l’initiative courageuse de la Région Guyanne, soutenue par la BJOP, qui a mis en place en 2010 le projet OTRG (Or Traçable et Responsable de Guyane). Ce projet est destiné à étudier tous les aspects relatifs au respect des lois nationales et internationales, à la traçabilité « de la mine à la vitrine », au respect des communautés locales et à la bonne gouvernance territoriale. Il est aussi au service du développement socioéconomique local, en particulier à l’amélioration des conditions de vie et à la redistribution des richesses, et à la protection de l’environnement. Un petit processus de Kimberley. Un programme ambitieux et très audacieux, mais indispensable pour lutter contre une situation inacceptable, même au bout du monde.