Dans les métiers d’art, la formation en entreprise est incontournable, car qui mieux qu’un professionnel pour transmettre les gestes et savoir-faire d’un métier ? Qui sont ces jeunes qui aujourd’hui s’orientent en CFA métiers d’art ? Interview de Pascale Maitrallet, responsable des métiers d’art à la SEPR.
L’Officiel Horlogerie & Bijouterie : Comment s’est passé la rentrée 2013 des CFA métiers d’art ?
Pascale Maitrallet : Très bien en HBJO. Les 73 jeunes de la promo 2013 ont trouvé et signé un contrat d’apprentissage. C’est une condition primordiale pour intégrer la formation en alternance. Cependant, et pour des raisons purement économiques, nous avons constaté que les employeurs pouvaient se montrer hésitants quant au recrutement d’apprentis.
L’OHB : Quel est le profil des jeunes ?
P. Maitrallet : Ces jeunes n’arrivent pas là par hasard, ils sont tous intéressés par le bijou mais nous ne pouvons pas dire qu’il existe un profil type. La plupart sont motivés par un enseignement concret, une vue plus lointaine sur leur futur métier, une rencontre avec le monde de l’entreprise. Certains ont une réelle envie de devenir indépendant, de percevoir un salaire, les apprentis sont en effet rémunérés durant toute leur formation. D’autres encore n’ont pas pu accéder aux formations proposées au lycée et se réorientent donc vers le CFA qui offre un cursus plus ouvert. Tous ces jeunes ont un point commun : la passion du bijou. Et quel que soit leur âge, ils n’ont pas peur de se lancer dans la vie active.
L’OHB : Les entreprises recrutent-elles autant de CAP que de BMA ?
P. Maitrallet : Pour des raisons d’abord pratiques, les entreprises prennent plus facilement des CAP en alternance que des BMA, parce qu’un CAP est sur le rythme d’une semaine sur trois de formation à l’école. En deux ans, elle dispose alors d’assez de temps pour lui enseigner les gestes et savoir-faire du métier et ses contingences pratiques. Former un jeune en BMA, prend deux années de plus, c’est un peu plus lourd pour une entreprise. Toutefois, de par leur formation générale plus poussée, le potentiel d’évolution d’un BMA au sein de l’entreprise est plus important, ce sont de futurs ouvriers spécialisés ou chefs d’atelier. C’est essentiel d’en former aussi.
L’OHB : Dans les métiers d’art, la formation en entreprise est incontournable.
P. Maitrallet : Oui, il est essentiel que les entreprises des métiers d’art continuent à former des jeunes, car ce sont elles qui détiennent les gestes techniques d’un domaine. C’est pour cela que l’alternance est une voie royale pour les métiers d’art et qu’il faut continuer à la développer. La chaîne du savoir-faire doit s’appliquer aux nouvelles générations pour que ces métiers perdurent. Enfin, cette formation en alternance doit évoluer. Le contexte économique, les attentes et les exigences des entreprises ont beaucoup changé et il faudrait envisager de monter le niveau des salariés. Le BMA répond clairement à ces besoins, il permet d’acquérir la totalité des connaissances métier, d’être efficace pour l’entreprise et il donne plus de possibilités pour évoluer dans un monde économique qui bouge très vite.
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