Le diamant synthétique se fait progressivement une place dans les vitrines des bijoutiers. Que représente aujourd’hui ce marché en France ? Quels sont les enjeux et les conséquences de cette évolution ? Le point sur le sujet.
Reine des pierres précieuses, le diamant représente plus de 40 % des ventes de bijoux en or, selon l’observatoire Ecostat- Francéclat. Si, jusqu’alors, il ne pouvait s’agir que de diamant naturel venu des tréfonds de la Terre, depuis quelques années ce n’est plus le cas avec l’apparition sur le marché du diamant de synthèse. Créé en laboratoire par l’homme, il est, comme le diamant minier, une forme pure de carbone avec exactement les mêmes caractéristiques physiques, chimiques et optiques. À tel point que seuls des appareils de détection permettent de les différencier.
La montée en puissance du diamant de synthèse
En 2020, en France, ces pierres de laboratoire ont ainsi représenté 3,5 % du marché des bijoux en diamants selon l’observatoire Francéclat. Quoiqu’encore limitée, cette part progresse à vive allure et le diamant de synthèse s’impose dans les vitrines des bijoutiers-joailliers. Alors que certaines enseignes, comme Maty, proposent les deux types de diamants, d’autres, telles Pandora, ont fait le choix d’abandonner le diamant minier au profit du diamant synthétique. Enfin, de nouvelles maisons ont vu le jour en basant leur ADN précisément sur le diamant de laboratoire. Ainsi de Courbet, Mysteryjoy, Innocent Stone, DFLY ou encore Jana Rose Paris. Alors que cette montée en puissance s’appuie sur des éléments suffisamment solides pour que le mouvement se poursuive, les tenants du diamant naturel contre-attaquent. Une bataille qui fait émerger des nouveaux enjeux et de nouvelles perspectives au sein de la filière.
Les facteurs de percée du diamant synthétique
Divers arguments militent pour la poursuite d’une croissance dynamique du diamant synthétique. En premier lieu l’évolution de l’offre. Alors que l’extraction de diamant naturel est en repli, la production de sa version synthétique ne cesse d’augmenter. Selon de récentes études, la production mondiale de diamant minier qui s’élevait à 177 millions de carats en 2005 ne serait plus que de 35 millions en 2050, tandis que celle des diamants de synthèse passerait, entre ces deux dates, de 0,2 million à 44 millions en 2050 . Une offre qui, pour ces derniers, vient principalement de Chine et d’Inde.
Mais parmi la vingtaine d’entreprises qui crée des diamants de qualité gemmes, l’une d’entre elles est française : Diam Concept, qui offre une belle qualité mais des quantités actuellement limitées
Corollaire de la montée en puissance des diamants synthétiques, leurs prix, aujourd’hui inférieurs de 30 à 40 % par rapport à ceux des diamants naturels, devraient baisser, renforçant ainsi leur avantage compétitif. Enfin, un autre facteur d’évolution est l’arrivée sur le marché des millenials. Revendiquant de nouvelles façons de consommer plus éthiques et écoresponsables, ces derniers se montrent très réceptifs à la communication développée par l’industrie du diamant synthétique qui valorise son produit et dénonce les conditions de travail dans les mines et les dégâts environnementaux causés par les exploitations minières. Mais face à ce dernier argument, la filière du diamant naturel a sorti l’artillerie lourde pour riposter.
Les facteurs de résistance du diamant naturel
À côté de l’instauration en 2003 du Kimberley process luttant contre les diamants de sang et celle en 2005 du Responsible Jewellery Council qui promeut des pratiques écoresponsables, la filière naturelle met en avant les résultats d’un rapport à son avantage. Ce dernier valorise en effet les retombées socio-économiques positives des exploitations minières sur les populations locales (emploi, programmes sociaux, investissement dans les infrastructures…) et dénonce l’impact environnemental désastreux de la production de diamants synthétiques, très consommatrice en énergie. Un impact qui varie en fonction des énergies utilisées, mais qui, aujourd’hui, est d’autant plus notable que le gros des diamants synthétiques vient de Chine et d’Inde. Mais les producteurs de diamants naturels ont aussi engagé, via leur organisation « Diamond producers association » (DPA) rebaptisée depuis mi-2020 « Natural diamond council » (NDC), un important plan d’action pour promouvoir l’attractivité de leurs pierres. Outre les campagnes de publicité mettant en avant les notions de rareté, de préciosité et d’émotion associées aux diamants naturels, le NDC a lancé un site Only natural diamonds, véritable plateforme d’informations et d’inspiration pour les consommateurs et centre de ressources pour les professionnels.
On le voit, entre les deux camps la bataille fait rage
Mais à y regarder de près, l’enjeu pourrait être, non pas une substitution de l’un par l’autre, mais une expansion du marché global. Avec des prix en baisse, les diamants synthétiques devraient devenir de plus en plus accessibles, ce qui pourrait les conduire sur un autre marché, celui des bijoux de mode doté de larges débouchés. Mais pour que ce scénario fonctionne, il faudra éviter la confusion entre les pierres naturelles et synthétiques. Une situation qui n’est pas sans rappeler l’arrivée sur le marché de la perle de culture. Pour éviter la confusion, gravure, certificat et traçabilité seront essentiels. Et les distributeurs et détaillants, en contact avec le consommateur, auront leur rôle à jouer à la fois comme informateurs et pédagogues mais aussi comme garants de la bonne transparence du marché. CN