Le groupe Renaissance, propriétaire de GL Altesse, vient de racheter le maroquinier Texier en difficulté. Eric Lefranc, président de Renaissance, a le projet de créer un « pôle dédié à la beauté et aux accessoires ». L’OHB l’a rencontré pour en savoir plus.
L’Officiel Horlogerie & Bijouterie : La reprise du maroquinier Texier s’est-elle bien passée ?
Eric Lefranc : Oui, nous avons proposé un projet de reprise cohérent et porteur de réelles synergies avec GL Altesse. Renaissance n’a malheureusement pas pu garder l’ensemble des salariés, mais ceux-ci nous ont soutenus notamment face à l’appel de l’ancien dirigeant. Ils ont plébiscité par referendum notre plan de reprise par 115 voix contre 4.
L’OHB : Qu’était-il arrivé à Texier ?
E. Lefranc : En 2012, Jean-Luc Texier a succédé à son frère à la direction de l’entreprise. Il a voulu monter en gamme avec des produits plus chers, mais la communication et la distribution n’ont pas suivi. Le repositionnement vers le luxe a été brutal, il n’a pas été compris par les clients ni par les maroquiniers et les ventes de la société se sont effondrées.
L’OHB : Quels sont vos projets ?
E. Lefranc : Nos projets seront plus en phase avec l’ADN de la marque. Nous allons redévelopper des collections au design pratique et élégant avec une focalisation sur l’homme et la femme d’affaires ou Texier a une véritable légitimité. Sur le plan stratégique, nous allons développer l’export, grâce à une synergie avec GL. Le développement des licences est également important. Dans ce domaine, Texier a un beau potentiel, de très belles Maisons nous ont déjà approchés. Un autre projet sera de développer des lignes de bijoux associant argent, or et cuir. Par exemple nous lancerons cet automne une collection de manchettes en métal et cuir interchangeable, mariage de nos savoir-faire. Elle sera distribuée chez les maroquiniers et également chez les bijoutiers qui, déjà aujourd’hui, complètent souvent leurs collections avec de la petite maroquinerie. Ce sera une sorte de « bar à manchettes » accessible, jeune, ludique qui pourra s’associer à la maroquinerie de Texier.
L’OHB : Vous n’avez pourtant pas d’expérience dans le domaine de la maroquinerie…
E. Lefranc : Mon savoir-faire est la reprise et le redressement de sociétés en difficulté. Ensuite je m’entoure de compétences fortes dans le secteur. Chez GL, c’est Jean-Louis Lecomte qui a repris les rênes, il a 40 ans d’expérience dans la bijouterie et avait déjà dirigé GL. Pour Texier, c’est Stéphane Collaert qui dirigera l’entreprise, il est issu d’une famille de maroquiniers et d’entrepreneurs dans ce secteur. Il a dirigé Collaert L’aiglon pendant 15 ans et il a toutes les compétences requises pour mener et réussir le redéploiement de Texier.
L’OHB : Allez-vous mettre en place des synergies avec GL ?
E. Lefranc : Oui certainement, dans les fonctions support, marketing, communication, et bien sûr export. Il faut renforcer Texier, notamment en Europe, au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique du Nord et en Russie où la marque est déjà présente. GL est plus gros que Texier mais chacun profitera des compétences de l’autre.
L’OHB : Vous avez déclaré à la presse vouloir créer « un minigroupe dédié à la mode, l’accessoire et la beauté ». Que voulez-vous dire ?
E. Lefranc : J’aimerais créer un groupe de marques de qualité « Made in France » intervenant sur les marchés des accessoires, de la beauté et du bien-être. Tout cela relève du même univers. Il y a une cohérence et des synergies possibles. En 2015, nous serons bien occupés avec GL Altesse et Texier mais nous restons à l’écoute de toute opportunité de rachat ou de licence. D’ailleurs, nous aurons sans doute quelques nouvelles à annoncer côté licence dans les mois qui viennent. Je suis également intéressé par le parfum, et donc attentif au marché.
L’OHB : Et les montres ?
E. Lefranc : (après un silence) l’horlogerie ne fait pas partie de notre stratégie de développement, je me demande ce qui va se passer avec Apple… l’arrivée des montres connectées peut bouleverser le marché, donc j’attends de voir ce que va donner l’Apple Watch.
L’OHB : Quel est le bilan de GL un an après la reprise ?
E. Lefranc : Le chiffre d’affaires pour 2015 a été de 35 M€ et nous avons généré un résultat d’exploitation de 1 M€, c’est un très bon résultat pour une première année après un redressement judiciaire même si nous sommes un peu en-dessous de nos prévisions en terme d’activité. Nous avons introduit de nouvelles collections, rafraîchi les existantes, en restant sur une ligne classique et chic qui est le fond des marques GL et Altesse que nous allons moderniser progressivement. Nous avons, par ailleurs, beaucoup innové avec Kenzo, Inès de la Fressange et Nina Ricci.
L’OHB : Quels sont vos projets ?
E. Lefranc : Nous allons continuer à développer nos collections en or 9 cts. Les résultats du marché montrent que l’or 375 s’essouffle un peu, après une véritable envolée. Mais nous croyons qu’il y a un beau potentiel pour GL Altesse qui dispose d’un vrai savoir-faire sur l’or 375. Par ailleurs, nous allons renforcer notre marketing et adjoindre de nouvelles marques de bijoux au groupe, pour des fabrications sous licence. Celles-ci sont importantes d’un point de vue stratégique pour l’ensemble du groupe, notamment à l’export et dans nos corners en grands magasins.