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La société lyonnaise spécialisée dans la conception 3D en bijouterie-joaillerie étend son offre et se lance sur le marché des apprêts. Son dirigeant Jean Danielian explique sa démarche.
L’OFFICIEL HORLOGERIE & BIJOUTERIE : Vous avez étendu votre offre en proposant des composants pour les fournisseurs d’apprêts. La fabrication française a-t-elle sa place sur ce marché très concurrentiel ?

JEAN DANIELIAN : Oui si nous apportons le bon produit au juste prix. Tout comme dans la joaillerie de répétition, cela consiste à réduire au maximum l’intervention humaine. L’intégration récente dans notre process de fabrication des apprêts d’un nouveau partenaire usineur décuple notre potentiel technique et augmente considérablement notre capacité de charge.

L’OHB : Quid de la concurrence asiatique ?

J. DANIELIAN : Certes il y les asiatiques. Mais pas seulement. Que font les Italiens ? Ne sont-ils pas en Europe ? Cessons de croire que les autres sont meilleurs que nous. Si nous respectons certaines règles et y ajoutons un peu de créativité, nous pouvons aisément nous placer.

L’OHB : Quelle est la valeur ajoutée de TGN 409 sur ces produits ?

J. DANIELIAN : En plus du made in France qui est un gage de qualité, il y a notre sens du design permettant de moderniser certains produits dont l’esthétique est la même depuis plusieurs décennies. Nous pouvons aussi innover suivant l’ADN d’une marque en particulier.

Chez TGN, tous nos concepteurs 3D ont fait un passage à la cheville pour perfectionner leur savoir. Du fait de notre expérience dans la chaîne de production, nous sommes toujours en quête du produit parfait.

L’OHB : Qu’est-ce qui vous a conduit à vous aventurer sur ce marché ?

J. DANIELIAN : L’idée de départ n’est pas la mienne. Nous avons été sollicités pour la conception 3D et la fabrication de bijoux en filigrane ultra légers. Les recherches ont été assez complexes, mais le produit fini est bluffant.

Il nous a fallu non seulement obtenir une illusion optimale d’un travail artisanal, mais aussi nous positionner en termes de prix, tout en dégageant une rentabilité pour l’entreprise. Cette étape nous a ouvert de nouvelles pistes en fabrication.

L’OHB : L’entreprise TGN est-elle capable de faire face à des commandes très importantes ?

J. DANIELIAN : C’est là qu’intervient la société OTJO. Nous maîtrisons toute la chaîne de fabrication. Du groupement de nos différentes unités se dégage un très fort potentiel qui ne demande en plus qu’à se développer.

L’OHB : Quels autres types d’articles êtes-vous en mesure de proposer ?

J. DANIELIAN : Le champ est vaste. Nous avons débuté par une gamme très étendue de chatons prêts à l’emploi. D’autres composants sont en cours de finalisation. Ils seront progressivement ajoutés aux catalogues des apprêteurs.

Nous travaillons également sur des propositions de solitaires, d’alliances serties ou non, de bagues porte-pièce ou autres types de bijoux, le tout en version semi-finie et déjà mis à la taille, mais aussi sur de nouvelles générations de fermoirs et mousquetons.

L’OHB : Puisque la créativité est un de vos atouts, pourquoi ne pas la proposer directement aux marques pour de nouvelles collections ?

J. DANIELIAN : Je pense qu’on ne peut pas demander aux différentes directions artistiques d’externaliser la création. En tant que créatif moi-même j’aurais beaucoup de mal à confier cette tâche à autrui. On nous sollicite aisément pour gérer la réalisation technique des modèles car le designer n’est pas forcément celui qui a la connaissance technique, mais cela s’arrête là.

En revanche, si on nous accorde le temps et les budgets comme c’est le cas pour certains gros acteurs de la profession, nous sommes en mesure de livrer un projet global prêt à être industrialisé.

L’OHB : Cette situation n’est-elle pas chez vous une source de frustration ?

J. DANIELIAN : Si, bien évidemment. C’est terrible pour un créatif de ne pas pouvoir exprimer sa créativité. Et c’est tout aussi frustrant de disposer d’un énorme potentiel technique et d’être aussi transparent au regard des grands décideurs. Mais qui sait… Peut-être qu’en lisant cet article, certains d’entre eux auront envie de recourir à nos compétences…

L’OHB : Concernant les composants, peut-on dire que c’est une nouvelle voie de développement qui se présente à vous ?

J. DANIELIAN : Pas seulement à nous. C’est un marché qui a la réputation d’être inaccessible du fait de ses prix très bas, c’est pourquoi nous, français, n’y consacrons que peu d’énergie. En France nous savons produire en masse grâce aux grandes marques qui ont été le pont entre la qualité française et la productivité asiatique.

L’OHB : Avez-vous un exemple de reconquête d’un marché parti à l’étranger ?

J. DANIELIAN : Oui. Avec nos partenaires lyonnais nous avons récupéré une partie de la fabrication d’une marque connue qui avait, sans s’en cacher, fait le choix d’une externalisation en Asie. L’objectif était d’arriver au même prix de revient final. Pari gagné. 11 000 pièces livrées en une année avec en plus la qualité française et une réactivité sans égal pour les réassorts.

L’OHB : Une conclusion ?

J. DANIELIAN : Nous devons croire en nos capacités et déplacer légèrement le curseur pour récupérer certains marchés, car nous savons faire le plus difficile.

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