Créée il y a trois ans, l’entreprise de développement 3D et de fabrication en joaillerie connaît une croissance ininterrompue. Explications sur ce parcours impressionnant avec son fondateur Jean Danielian.
L’Officiel Horlogerie & Bijouterie : Quel bilan tirez-vous de vos trois premières années d’existence ?
JEAN DANIELIAN : Il nous aura fallu peu de temps pour que TGN 409 se fasse une place dans un univers très difficile d’accès. Notre entreprise bénéficie maintenant d’une belle réputation qui la précède auprès des détaillants, mais aussi des grands noms de la joaillerie. Nous ressentons assez fortement l’impact de notre communication auprès des bijoutiers qui nous ouvrent plus aisément leurs portes et qui acceptent de nous confier la réalisation de leurs pièces de commande ou de transformation.
L’OHB : TGN 409 a acquis une belle visibilité auprès des professionnels. Au-delà de votre communication, quels sont les autres éléments clés de votre succès ?
J. DANIELIAN : La communication est importante. Vous pouvez être le meilleur du monde et pour autant rester invisible toute une vie. C’est pourquoi nous tentons de concilier le savoir-faire et le faire savoir. Être, est une chose, exister, en est une autre.
L’OHB : Comment se traduit l’effet positif que vous percevez auprès des bijoutiers détaillants ?
J. DANIELIAN : Nous rentrons presque tous les jours de nouveaux clients pour la 3D et la fabrication. Ce n’est pourtant pas toujours facile de confier la réalisation d’un bijou à un prestataire. Mais nous avons recruté deux commerciaux pour aller sur le terrain et montrer quelques-unes de nos créations. Ceci a pour effet de rassurer les bijoutiers sur nos compétences. Le résultat est surprenant.
L’OHB : Vous aviez affirmé dans une interview précédente ne pas avoir de commerciaux et tout miser sur la vente en ligne en B to B…
J. DANIELIAN : Oui en effet, mais je ne m’interdis jamais de changer de stratégie si c’est nécessaire. D’autant que nos deux collaborateurs ont pour mission principale de faire connaître l’entreprise, présenter les outils que nous avons mis en place pour la commercialisation en ligne de nos créations, et faire connaître l’existence de notre showroom. C’est un mix très utile.
L’OHB : TGN 409 c’est donc à la fois de la vente en ligne, un showroom professionnel dans vos locaux, et une présence sur le terrain pour ce qui relève de la fabrication sur-mesure et de la commercialisation de vos propres collections.
J. DANIELIAN : Exactement. Certains de nos clients pourtant consommateurs réguliers de nos services ne savaient pas, jusqu’à ce qu’on les visite, que nous avions notre propre collection… et encore moins qu’on pouvait les commander sur notre site www. tgn409.fr grâce au catalogue en ligne que nous continuons d’étoffer régulièrement. Nous proposons d’ailleurs à chaque détaillant ce même catalogue en marque blanche que nous personnalisons à leur effigie en faisant disparaître le logo de TGN 409. D’où l’utilité de présenter l’entreprise pour bien expliquer son fonctionnement et ses avantages.
L’OHB : Vous n’hésitez pas à recourir à des techniques modernes. Ne rencontrez-vous pas certaines réticences de la part des bijoutiers qui peuvent être encore très attachés au côté traditionnel de leur métier ?
J. DANIELIAN : Si bien sûr ! Il y a même des bijoutiers qui se montrent offusqués de l’utilisation de la technologie 3D et qui nous en font reproche, mais ce n’est pas grave. Il y a aussi ceux qui ne connaissent pas cet univers et qui le découvrent avec plaisir grâce à nous. Une fois qu’ils y ont goûté je vous assure qu’ils ne font pas marche arrière.
L’OHB : Pourriez-vous nous rappeler l’historique de TGN 409 ?
J. DANIELIAN : C’est une histoire aussi agréable à vivre que consommatrice d’énergie. Il y a un peu plus de trois ans j’ai voulu étoffer l’offre de DJ Serti mon entreprise de sertissage en créant un pôle 3D. Au début nous nous sommes essayés sur d’autres secteurs comme l’optique, puis les casques de chantier et les instruments de musique que nous avons totalement relookés. Nous avons aussi inventé des outils pour le sertissage, et autres objets de décoration.
L’OHB : Qu’en est-il de toutes ces créations ?
J. DANIELIAN : Quelques-unes ont été cédées gracieusement et le reste a été mis en attente. La formation de nos développeurs au métier de la joaillerie nous a demandé de nous y consacrer pleinement. Nous avons tout de même continué le développement d’outils propres au sertissage car c’était en lien direct avec notre métier.
L’OHB : Vous aviez un plan, une stratégie, une idée de ce qu’allait devenir TGN 409 ?
J. DANIELIAN : Non, rien de tout cela. J’ai d’abord constitué une équipe issue du monde de la 3D et du web à qui j’ai transmis mon savoir technique et une méthode de travail qui m’est propre. Dès le départ mes cibles étaient la conception 3D dans sa globalité ainsi que sa commercialisation en ligne. À partir de là nous avons tout organisé avec mon équipe en fonction des besoins et des opportunités de l’instant.
L’OHB : Combien de temps vous a-t-il fallu pour rendre tout le monde autonome ?
J. DANIELIAN : Environ deux années pour ce qui est des concepteurs. Et autant à titre personnel pour avoir une vision d’entreprise plus éclairée.
L’OHB : Qu’en est-il des investissements financiers ?
J. DANIELIAN : Ce sujet est confidentiel. Je peux juste dire qu’ils sont considérables.
L’OHB : Compte tenu de tous ces éléments, quelle est votre politique de tarification de vos prestations ?
J. DANIELIAN : J’ai instauré une tarification qui permet à TGN 409 de s’y retrouver sans pour autant abuser car nous avons connaissance des impératifs du détaillant. Mais certains bijoutiers n’ayant aucune idée de notre métier se permettent de nous juger comme étant trop chers. Il y a toujours moins cher, mais encore faut-il que la prestation fournie soit complète et du niveau de la nôtre. Le client nous fait part de ses besoins par mail et reçoit son bijou terminé et poinçonné, réalisé sur-mesure d’après une esquisse pas toujours bien faite, prêt à être livré, le tout dans un délai de 10 jours ouvrés en moyenne.
L’OHB : Avant de créer TGN 409 aviez-vous fait une analyse de marché ?
J. DANIELIAN : Non pas du tout. C’est une histoire de feeling personnel et de volonté pour trouver des solutions en direct. Faire une étude de marché peut révéler des points négatifs et servir d’alibi à ne rien faire. Combien de fois ai-je entendu de la part de ceux qui ont réussi leur entreprise « si j’avais su que c’était aussi compliqué je n’aurais rien fait ». Quel gâchis cela aurait été.
L’OHB : À ce jour votre clientèle se limite-t’elle aux détaillants bijoutiers ?
J. DANIELIAN : Non. Comme je l’ai déjà évoqué dans d’autres interviews, TGN 409 intéresse aussi les grandes marques de joaillerie et du luxe. Nous avons eu en plus cette année la chance d’être retenus pour participer à un speed networking organisé par l’UFBJOP et Corentin Quideau dont le talent est de réunir les représentants des grandes marques et une variété de sous-traitants sélectionnés d’après leurs qualités et compétences.
L’OHB : Ce sont les « Précieuses Confluences ».
J. DANIELIAN : Exact. Coup de pouce du destin, le thème de cette année était la conception 3D. Comme si cela était organisé pour nous. Nous avons eu quatorze rendez-vous de trente minutes avec les plus grands, ce qui correspond à dix années de travail condensées en une seule journée.
L’OHB : Qu’en avez-vous retiré ?
J. DANIELIAN : En tout premier lieu, il apparaît que TGN 409 est en avance sur son temps et que notre modèle d’entreprise bouscule une fois de plus les habitudes. La suite va dépendre des choix que je ferai parmi tous ceux qui se présentent à moi actuellement. Ce n’est pas la partie la plus facile. En tous les cas, nous allons devoir recruter, former, et certainement déménager car notre espace se réduit à vue d’oeil ! Mais ce ne sont que des bonnes choses…
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