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À l’approche de la période des mariages, TGN 409 se concentre sur les alliances. Jean Danielian, qui est aussi le fondateur de DJ Serti, entreprise de sertissage en joaillerie, oriente ses choix sur des modèles principalement ornés de pierres. Explications.
L’OFFICIEL HOROGERIE & BIJOUTERIE : Alors que le marché des alliances reste dynamique, il semble que certains grands acteurs français commencent à le délaisser. Cela ouvre des opportunités pour de nouveaux entrants…

JEAN DANIELIAN : Oui, chez TGN 409, nous profitons de cette occasion pour souligner que notre offre très diversifiée peut être adaptée à différents types de cérémonies ou événements. Et, comme le sertissage est souvent un goulot d’étranglement dans la chaîne de production, nous tirons parti de la présence de DJ Serti dans notre groupe pour promouvoir les modèles empierrés.

L’OHB : Le marché des alliances est vaste. Quel segment privilégiez-vous ? Les détaillants ou les marques ?

J. DANIELIAN : Nous ciblons avant tout la production répétitive destinée aux fournisseurs de composants et aux grossistes, dont le rôle est d’approvisionner les détaillants en produits finis ou semi-finis. Parallèlement, nous répondons aux besoins des marques qui souhaitent nous confier la fabrication de leurs collections.

L’OHB : Cela sous-entend que vous avez un potentiel de fabrication important. Fonte à cire perdue ou bien usinage ?

J. DANIELIAN : Cela dépend des volumes. Les deux sont envisageables depuis que nous avons fait entrer au capital de OTJO un usineur qui renforce notre positionnement en tant que fournisseur de premier rang.

C’est un technicien hors pair disposant de son propre pôle d’usinage et avec qui la collaboration est parfaite. Tout part biensûr de la 3D et du sertissage que nous maîtrisons. Et suivant les volumes demandés, nous choisissons le type de fabrication.

L’OHB : Votre offre ne s’adresse donc pas aux détaillants ?

J. DANIELIAN : Pas directement, non. Travailler avec les revendeurs est très difficile, surtout lorsqu’il s’agit des groupements de bijoutiers qui n’ont pas l’air de connaître les tracas des petits artisans et fabricants français.

L’OHB : La relation est-elle meilleure avec les grandes maisons ?

J. DANIELIAN : Je ne m’attends pas avoir plus de considération chez l’un ou chez l’autre. Les règles ne sont pas moins strictes, mais le made in France est leur fonds de commerce, ce qui leur demande de consolider le réseau de fabrication local.

À nous ensuite d’être ingénieux et de trouver les rentabilités nécessaires. C’est ce que nous faisons depuis longtemps, et c’est cette pression positive qui nous a permis d’emmener la joaillerie française au niveau où elle est.

L’OHB : Pour revenir sur les détaillants, envisagez-vous de tenter une nouvelle collaboration ?

J. DANIELIAN : Non. Développer des collections pour les bijouteries de centres-villes ou de galeries marchandes ne rentre plus dans ma stratégie d’entreprise.

L’OHB : Vous travaillez pourtant avec eux…

J. DANIELIAN : Nous ne leur faisons que du sur-mesure. Pas de confiés, pas d’avances matières, pas de retours de marchandises non vendues, et pas non plus de marge arrière. Une demande, un devis, un acompte et nous fabriquons la pièce de commande.

L’OHB : Vous avez le savoir technique et la créativité. À quand votre propre boutique ?

J. DANIELIAN : Une boutique, non… pas à l’heure d’internet, mais un point de vente physique créé dans nos locaux et dont nous faisons la promotion sur les réseaux sociaux. En mettant un pied chez nous, le particulier découvre un vrai atelier de joaillerie et peut suivre les étapes de la fabrication de son bijou. C’est devenu très rare et c’est ce qui fait notre succès grandissant.

L’OHB : Nous savons que le contexte actuel est assez compliqué pour l’ensemble de la profession. Comment expliquez-vous cette situation et quel est votre ressenti pour le futur ?

J. DANIELIAN : Les crises ont la vertu de révéler le meilleur et le pire de chacun. Nous ne sommes pas épargnés par les problèmes. Mais je fais plusieurs constats selon que je me positionne chez TGN ou bien chez DJ Serti. TGN est en constante progression.

À travers la vente en direct et la prestation pour les professionnels, nous avons atteint une totale autonomie vis-à-vis du groupe KOGOLO. La situation de DJ Serti est plus compliquée car la société doit gérer les grands bouleversements constatés dans la profession du fait des différents rachats de fabriques par les marques. Il va falloir du temps pour retrouver l’équilibre que nous avions réussi à instaurer.

L’OHB : Pensez-vous possible de retrouver un jour cet équilibre perdu ?

J. DANIELIAN : Oui bien-sûr. Ce sont des cycles qui nous mettent assez régulièrement à l’épreuve. Notre devoir est de redoubler d’inventivité pour être encore plus opérationnels.

L’OHB : Comment imaginez-vous la suite ?

J. DANIELIAN : Il y aura un retour à la normale car les structures indépendantes ont toujours été et resteront les piliers de la fabrication.

L’OHB : Ne craignez-vous pas de voir les marques faire leur marché chez les indépendants quand ceux-ci auront transmis leur savoir ?

J. DANIELIAN : C’est bien évidemment possible. Nous formerons alors d’autres talents et développerons notre champ d’action vers d’autres marques si c’est nécessaire.

L’OHB : Une conclusion ?

J. DANIELIAN : Il y a un proverbe africain qui dit : « Vous, vous avez les montres, nous, nous avons le temps ». Il est possible de faire un parallèle avec notre corporation. Certains ont l’argent, nous, nous avons le savoir. Alors patience. Ce n’est qu’une question de temps.

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