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La filière française horlogère, concentrée en Franche Comté, même si quelques originaux tentent de produire des montres dans d’autres régions, résiste aux courants qui bouleversent le monde entier et s’impose avec un savoir-faire incontestable.

Le domaine horloger, qui vit sous la domination de la Suisse et de la Chine, laisse peu d’espace à la filière française qui cherche cependant à trouver sa place et à s’affirmer. Forte de sa singularité, elle avait déjà entamé quelques actions collectives avant que n’éclate la crise sanitaire.

L’horlogerie, un secteur en évolution permanente

L’horlogerie mondiale a subi de plein fouet la crise du coronavirus, un drame qui s’ajoute aux nombreuses révolutions qu’elle traverse depuis déjà quelques années. En effet de nombreux séismes ont bouleversé le domaine horloger depuis 2014. Frappé dans un premier temps par la lutte contre la corruption en Chine, ses ventes avaient brutalement chuté en 2014. Puis l’arrivée des montres intelligentes a bousculé le marché des montres classiques, mécaniques et automatiques. Ensuite les nouveaux modes de distributions, puis la fin des livraisons des mouvements ETA en dehors du Swatch Group et enfin la crise sanitaire, sont autant d’écueils qui ont perturbé l’équilibre et la quiétude du monde horloger, une industrie qui cherche aujourd’hui à se réinventer.

L’horlogerie franc-comtoise

L’horlogerie franc-comtoise tient une place à part dans l’industrie horlogère, entre les sous-traitants et les marques françaises installées dans cette région, qui concentre 80 % de la filière française, avec une 50aine d’entreprises. En 2018, lorsque la volonté du swiss made absolu avait fait passer de 40 à 60 % la part de composants suisses dans une montre, les sous-traitants francs-comtois jugés trop chers, avaient été évincés au profit des chinois. Mais la crise sanitaire qui a bloqué les marchés et les fabrications asiatiques, va sans doute redonner l’occasion à l’horlogerie jurassienne de reprendre sa place et de jouer un rôle plus important dans la redynamisation de l’horlogerie.

La Franche-Comté, une carte à jouer

Avant le confinement, l’industrie horlogère en Franche Comté employait près de 18 000 personnes, dont 15 000 travaillaient dans les manufactures suisses voisines. Les sociétés sous-traitantes, situées entre Besançon et Morteau, spécialisées dans la fabrication des composants ou de bracelets cuir font travailler plus de 3 000 personnes, tandis que les filiales des grandes marques suisses installées en Franche-Comté génèrent plus de 600 postes et que les services après-vente de Breitling, Swatch ou Audemars-Piguet à Besançon emploient 300 personnes. Les marques françaises telles que Lip, Saint-Honoré, Péquignet, Michel Herbelin, Yema ou Humbert-Droz comptent, quant à elles, près de 200 emplois. Portée par l’horlogerie, la région cherche à faire reconnaître ses savoir- faire et ses compétences. Dans cette optique, fin 2019, 200 acteurs de l’horlogerie française et suisse avaient répondu à l’invitation de la préfecture, de la région et de l’Ecole d’ingénieurs microtechniques l’ENSMM qui forme 80 % des cadres de l’horlogerie suisse, pour réfléchir à sa redynamisation.

La filière française, le choix des jeunes marques

La nouvelle génération d’horlogers, d’ingénieurs et de designers qui composent les jeunes marques, revendique le made in France et s’appuie sur le savoir-faire des sous-traitants hexagonaux, principalement franc-comtois. Phenomen, Utinam, Humbert-Droz, Fob Paris, March LA.B,… les jeunes marques font de plus en plus appel aux compétences françaises. Florian Chosson, fondateur de la marque Routine, très sensible à la relocalisation de la filière dans l’Hexagone, est fier d’avoir réimplanté dans la région le métier de cadranier. Il considère à juste titre qu’il finance un emploi en France toutes les 300 montres vendues. FOB Paris, la marque horlogère avant-gardiste fondée par trois brillants jeunes talents confirme cette volonté de made in France. « Notre première volonté était de tout fabriquer en France malheureusement c’est très compliqué », rapporte Sari Hijji, l’un des trois fondateurs de Fob Paris.

« Cependant l’assemblage en France, véritable gage de qualité, s’est avéré incontournable ».

FOB qui réalise un tiers de ses ventes en Chine vient d’ouvrir sa première boutique à Paris, dans un quartier branché qui lui ressemble. Pour March LA.B, qui produit 10 000 montres par an et possède trois boutiques, dont une à Londres, le swiss made n’est plus une obligation, et la fabrication française possède de nombreux atouts. « Toute la sous-traitance est gérée par des Français », confirme Alain Marhic, son fondateur, de quoi redorer le blason de l’expertise made in France. N.K.

Ecole d’ingénieurs : ENSMM