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Incluse dans le plan de réindustrialisation du Gouvernement au même titre que d’autres objets du quotidien (jouets, vélos, lin et chaussures) et inscrite dans le cadre du Plan France 2030, la filière montres devrait, grâce au futur Espace collaboratif d’innovation programmé en 2025, s’inscrire dans une nouvelle dynamique industrielle.

Pour rester dans le peloton de tête des leaders mondiaux de l’innovation horlogère, la France, qui est actuellement le quatrième pays exportateur de composants et bracelets de montres, doit redoubler d’efforts pour être plus innovante et s’orienter vers des créations disruptives afin de trouver les futurs leviers de croissance de la filière.

C’est le principal enseignement de l’étude sur l’avenir de la filière horlogère française menée en 2022 par le syndicat professionnel France Horlogerie qui revendique une centaine d’adhérents avec un chiffre d’affaires consolidé de 410 millions d’euros et plus de 3000 salariés. L’étude conduite en 2023 par l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires corrobore  cet enseignement.

Quels besoins d’investissements pour l’horlogerie française ?

« Notre secteur connaît de belles croissances ces dernières années : + 12 % en 2022, + 7 % en 2023. Un nombre croissant de consommateurs en quête de belles montres de qualité, de marques iconiques, mais aussi de marques émergentes ou des marques anciennes récemment relancées portent ces initiatives», souligne Guillaume Adam, secrétaire général de France Horlogerie.

Cette attraction pour les montres fait même la part belle aux montres « Made in France » et colle à la volonté politique de pousser vers la réindustrialisation une filière dont 80 % de la production va à l’export.

Made in France

« France Horlogerie porte depuis près de deux ans la stratégie de réindustrialisation de la filière horlogère française. Au regard des études menées par notre organisation, elle s’appuie sur un intérêt fort du consommateur pour le “fabriqué en France “ et la montre durable, qui porte le développement de nombreuses marques horlogères dites émergentes ou déjà installées.

Dans le cadre de cette initiative, environ 120 millions d’euros de besoins d’investissement ont été identifiés par France Horlogerie, dont 110 millions d’euros pour la modernisation de l’outil industriel. Le gouvernement soutient cette ambition et inscrit la montre dans son programme visant à la réindustrialisation de cinq secteurs liés à des objets du quotidien, dont jouets, vélos, lin et chaussures.

 

Pour accompagner ce projet, France Horlogerie prévoit plusieurs mesures concrètes destinées à faire mieux coopérer les différents maillons de la chaîne de valeur française. » Le renforcement de la coopération des différents métiers est même un maillon essentiel de la stratégie de réindustrialisation de la filière.

Dans ce cadre la première étape est la création de grappes d’entreprises destinées à travailler ensemble sur des projets industriels liés aux process et à la production et à fluidifier les échanges au sein de tout l’écosystème. « Ce renforcement de la coopération sur la chaîne de valeur nous invite à réinternaliser et redévelopper des compétences dans la filière », estime Guillaume Adam.

Espace collaboratif d’innovation

Dans ce cadre il pointe le rôle du futur Espace collaboratif d’innovation (ECI) destiné à favoriser l’innovation de process, designs et procédés mais aussi à accompagner la réindustrialisation de la filière. Espéré pour le second semestre 2025, cet ECI devrait accueillir un guichet unique offrant des services d’accompagnement aux entreprises de la filière.

 

Les grappes d’entreprises pourront y bénéficier de la mise en commun des ressources et les acteurs de la filière disposeront d’une offre de services avec des plateaux techniques dédiés à la conception, au prototypage et aux techniques industrielles.

Cet Espace, dont le budget de fonctionnement dépend encore de l’appel à projet de France 2030, sera localisé pour la partie innovation dans les locaux de Francéclat à Besançon et pour la partie coopération industrielle à l’hôtel d’entreprises de Morteau.

« L’ECI aura pour objectif stratégique de contribuer à générer des emplois. D’ici 2030, environ 1 200 postes et 240 millions d’euros de chiffre d’affaires supplémentaires. Il doit aussi permettre de réduire l’impact carbone de la filière horlogère. A un horizon de cinq ans, il devrait être autoporté financièrement et compter huit collaborateurs.

 

Coopération et innovation sont les clés de la réussite d’une filière qui attend une nouvelle dynamique. Il y a dix ans, il n’y avait plus de fabricants en France, aujourd’hui il y en a trois-quatre.

Nombre d’acteurs horlogers se positionnent dans une logique d’investissements productifs, de réindustrialisation, de réinternalisassions des compétences », conclut Guillaume Adam. De quoi permettre de tenir la dragée haute aux ténors de l’horlogerie mondiale.
E.R.