L’histoire de l’horloger Leroy pourrait ressembler à un échec de l’horlogerie française. En effet, en 2014, la société annonçait qu’elle quittait Besançon, où elle était pourtant installée depuis 1889. « Redémarrer à Besançon était une fausse bonne idée » confiait alors, Olivier Müller, le DG de la marque à un journaliste de WorldTempus.
On peut le comprendre, vendre de la Haute-Horlogerie Made in France était sans doute un challenge compliqué, surtout auprès d’une clientèle très internationale qui ne croit qu’en l’estampille suisse. Car si Leroy a des visées raisonnables en termes de quantités, 500 pièces par an, pour grimper à environ un millier, il a de grandes ambitions sur le plan horloger, et tout d’abord celle de monter en gamme avec le lancement de grandes complications en hommage à son modèle mythique, la « Leroy 01 ». Primée à l’Exposition universelle de 1900, la Leroy 01 a certainement contribué à bâtir la renommée de la Maison.
Elle a été pendant près d’un siècle la montre la plus compliquée du monde, jusqu’en 1989, date à laquelle Patek Philippe lui avait alors ravi la place. Tristan Boyer de Bouillane, le nouveau DG de Leroy, a de belles ambitions pour sa marque et compte bien lui assurer une continuité prestigieuse. Et même si son site de production, qui réalise ses propres calibres, est en Suisse, la marque conserve son ADN français. Elle confie à Besançon le soin de certifier ses montres (poinçon tête de vipère). Cette ambition se justifie pleinement par un passé plus que prestigieux.
Née en 1785 et inscrite au patrimoine des plus belles Maisons françaises d’horlogerie, L. Leroy (rebaptisée Leroy) s’est distinguée par son horlogerie d’exception et ses inventions. Parmi celles-ci, une montre marine qui valut à Charles-Louis Leroy le titre prestigieux d’« Horloger de la Marine » en 1835 ou la mise en place du premier système de transmission de signaux horaires radiotélégraphiques sur le sommet de la Tour Eiffel. L. Leroy compta parmi ses clients des personnalités de premier rang, Marie-Antoinette, Proust, Matisse, Napoléon, la Reine Victoria, Roosevelt, Chopin, Nobel, Bugatti, Védrines, pionnier mondial de l’aviation, Lindbergh, Santos-Dumont, etc.
Enfin, est-il besoin de rappeler que Leroy, qui a déjà obtenu 384 médailles d’or de concours chronométriques, a été également victorieuse du Concours International de Chronométrie en 2013 avec son Tourbillon Régulateur Osmior. Si l’on regrette de voir la France perdre une si belle Maison sur son territoire, on peut se consoler en voyant Leroy continuer à tracer le sillage de la haute-horlogerie qui a fait sa renommée.
