Les montres sportives et notamment celles de plongée ont de plus en plus la faveur des clients. Mais entre montre étanche ou de plongée, il est parfois difficile de s’y retrouver. Pourtant il existe des normes précises pour l’une et l’autre. Explications de Patrice Besnard, Délégué général de France Horlogerie.
L’OFFICIEL HORLOGERIE & BIJOUTERIE : Existe-t-il une différence importante entre montre étanche et montre de plongée ?
PATRICE BESNARD : La question de l’étanchéité à l’eau des montres est un sujet qui n’est pas toujours bien compris, non seulement par le consommateur mais aussi par certains réseaux commerciaux et blogs. Elle fait l’objet de deux normes internationales : ISO 22810 pour les montres étanches, ISO 6425 pour les montres de plongée.
Ces normes bénéficient d’un réexamen périodique au sein du comité ISO TC 114 qui est le groupe de travail chargé des normes horlogères. Conduit par France Horlogerie avec l’appui de l’Agence française de normalisation (Afnor) et de Francéclat, en sa qualité de bureau de normalisation pour l’horlogerie, des représentants de l’industrie horlogère française y participent, aux côtés de pays comme l’Allemagne, la Chine, le Japon ou la Suisse. Ces deux normes sont reprises dans le corpus des normes françaises.
L’OHB : Que peut-on faire avec une montre étanche : Lavage de mains, douche, natation, saut d’un plongeoir, plongée sous-marine… ?
P. BESNARD : Comme l’indique la norme ISO 22810, une montre étanche est caractérisée par sa résistance à l’immersion à l’eau et à toute forme d’environnement aquatique, ce qui inclut les usages sportifs comme la baignade, la natation, la voile… Par contre la norme prend bien soin de préciser que ses exigences et ses méthodes d’essai portent uniquement sur la vérifi cation de l’étanchéité des montres et que les montres de plongée font l’objet d’une norme particulière (ISO 6425).
L’OHB : Ces normes sont-elles obligatoires ?
P. BESNARD : Si elles n’ont pas de caractère réglementaire contraignant, l’intérêt des normes est de servir de référence lors d’un litige, c’est notamment le cas pour la norme sur les montres étanches dans les échanges avec le consommateur. La norme ISO 22810 est en effet très explicite en indiquant « quels seront les essais appliqués en cas de litige et (la norme) laisse au fabricant la responsabilité de définir les essais (appartenant à son savoir- faire) qu’il applique en production à ses produits s’il veut pouvoir garantir que ceux-ci satisfont aux exigences de la présente norme internationale. »
L’OHB : Le mot « étanche » est-t-il bien compréhensible ?
P. BESNARD : En français le terme générique « étanche » recouvre plusieurs situations : étanche à l’eau, à la poussière, à l’air… sans que cela soit précisé. En anglais, le mot employé « water-resistant » pour les usages liés à l’eau est beaucoup plus précis car il introduit clairement la notion combinée de résistance à l’eau.
L’OHB : Mais pourquoi ne pas marquer « étanche » tout simplement ?
P. BESNARD : C’est effectivement possible pour toute montre satisfaisant aux essais définis par la norme : condensation et surpression d’eau minimale de 2 bars, immersion dans l’eau à faible profondeur, sollicitation des éléments de commande, chocs thermiques et un essai préliminaire en surpression d’air (2 bars puis 0,5 bar) pour détecter un défaut d’étanchéité sans que l’intégrité de la montre ne soit affectée.
Mais pour tenir compte des spécificités du produit et du savoir-faire de chaque fabricant, la norme ISO 22810 a en effet ouvert la possibilité que le marquage « étanche » puisse être suivi de l’indication de surpression exprimée en bar (au-delà des 2 bars), les mètres pouvant être autorisés : par exemple « étanche 5 bars » ou « water-resistant 5 bars », voire « étanche 50 m ».
L’OHB : Cela signifie-t-il qu’avec une montre marquée étanche 50 mètres, on peut faire de la plongée sous-marine ?
P. BESNARD : Pour le grand public, il est nécessaire de bien dissocier les montres étanches de celles réservées à la plongée sous-marine qui nécessite un appareil respiratoire autonome (SCUBA).
La norme ISO 6425 qui s’applique aux montres de plongée retient une triple exigence :
– résister à une plongée dans l’eau à une profondeur d’au moins 100 mètres ;
– comporter un système de mesure sécurisé d’indication du temps de plongée (lunette tournante) ;
– assurer la visibilité d’un tel système dans l’obscurité.
Seules les montres de plongée satisfaisant aux exigences et essais prévus par la norme peuvent être marquées, avec une indication minimale pour la profondeur de plongée, comme suit « montre de plongée 100 m » ou « diver’s watch 100 m ». Donc pour le marquage, à partir de 100 mètres, on assiste actuellement à des risques de confusion entre montres étanches et montres de plongée, notamment en cas de marquage incomplet. C’est la raison pour laquelle le marquage de surpression en bar est plus approprié pour les montres étanches car il se réfère à un test ad hoc et non à une profondeur de plongée. C’est d’ailleurs la position retenue en Allemagne.
L’OHB : Quelles sont les précautions à prendre pour l’utilisation des montres étanches ?
P. BESNARD : Si pour les montres de plongée, les plongeurs qui les utilisent ont a priori une exacte connaissance du soin à y apporter, la question se pose pour les montres étanches d’autant qu’avec les montres à quartz le consommateur a perdu le sens de l’entretien, sauf au changement de pile et de bracelet. C’est la raison pour laquelle la norme a prévu une annexe informative sur les précautions d’utilisation car l’étanchéité n’est pas acquise dans la durée.
On citera le contrôle de l’étanchéité par un spécialiste selon les recommandations du fabricant et en tout cas, à chaque ouverture de celle-ci (changement de pile), la qualité du bracelet au regard de l’usage, la préservation contre les variations brusques de température et contre les chutes ou chocs, la non-utilisation des poussoirs sous l’eau ou hors de l’eau si la montre n’est pas sèche, le rinçage de la montre à l’eau douce après une utilisation dans l’eau de mer.