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Nombre de métiers de la filière HBJO ont toujours connu des effectifs limités mais constituent des acteurs essentiels du monde de la bijouterie-joaillerie. Avec un enjeu principal aujourd’hui : transmettre pour préserver les savoir-faire.

Lapidaires, glypticiens, graveurs, émailleurs, orfèvres : ces métiers rares, exercés par peu de professionnels en France, constituent néanmoins des acteurs essentiels du monde de la bijouterie-joaillerie, symboles de l’excellence française réputée dans le monde entier.

Métiers qui ont toujours été à petits flux, ils restent confidentiels mais ils profitent du dynamisme actuel de la filière, en particulier sur le segment du luxe. Aujourd’hui, l’enjeu réside dans le maintien d’une activité suffisante pour faire vivre ces artisans spécialisés et dans la transmission de leurs savoir-faire qu’il est indispensable de préserver.

La profession engagée dans la transmission

C’est pour assurer cette mission qu’a été créé en 2014 l’Institut des Arts de la bijouterie, association qui s’emploie à faire connaître et à transmettre les métiers de la bijouterie, en particulier certaines techniques rares comme la ciselure, le repoussé ou l’émaillage d’art, peu enseignées en France et qui tendent à disparaître.

Au-delà de la préservation et de la transmission de ces savoir-faire, l’Institut a également pour objectif de les faire revivre en les employant dans des créations contemporaines ou en les associant aux nouvelles technologies.

Plusieurs grandes griffes de la haute joaillerie, conscientes de l’enjeu, s’investissent également dans la sensibilisation aux métiers traditionnels de la filière afin de susciter des vocations. Tel est le but de Van Cleef & Arpels avec l’Ecole des arts joaillers et ses parcours métiers dans le cadre de son initiative De Mains en mains.

 

La Haute école de joaillerie a également à cœur d’assurer des formations sur ces métiers rares, en formation initiale comme en formation continue, en veillant cependant à l’adéquation entre l’arrivée sur le marché de l’emploi de nouveaux professionnels et les besoins réels de la filière.

« Nous formons peu de jeunes chaque année sur ces métiers mais avec une employabilité garantie car les formations se déroulent dans le cadre de contrats d’apprentissage ; l’adéquation avec les besoins est donc assurée », souligne Michel Baldocci, directeur de la Haute école de joaillerie.

L’employabilité actuelle dans la filière HBJO étant de 100 % voire plus, la difficulté pour les écoles réside dans le recrutement de formateurs. Alors que les carnets de commandes sont pleins, les entreprises ont également du mal à dégager du temps pour former des jeunes.

 

Convaincue de l’importance de cette mission, la maison Grospiron, entreprise familiale originaire du Jura spécialisée dans le négoce et la taille de pierres de couleurs et des diamants depuis trois générations, qui compte plusieurs meilleurs ouvriers de France dans ses équipes, a choisi de faire l’effort de former régulièrement des jeunes au métier de lapidaire.

« Aucune école de formation n’apprend à tailler, l’apprentissage se fait donc uniquement dans les entreprises dans le cadre de l’alternance, explique Xavier Grospiron, directeur général de la société.

Nous sommes peu nombreux à le faire car cela demande beaucoup de temps au maître d’apprentissage, or il faut trouver un équilibre entre le temps consacré à la formation et celui consacré à la production ».

Autre écueil pour les entreprises qui acceptent de jouer le jeu de la formation, la crainte de voir les meilleurs éléments qu’elles ont formés se faire recruter par les sociétés concurrentes.

La voie de la formation en autodidacte

Face au peu de formations accessibles sur ces métiers rares, certains artisans font le choix de se former en autodidacte. C’est la voie qu’a empruntée Stéphane Renard, jeune glypticien qui a démarré son activité en 2018 et qui fait partie de la petite quinzaine d’artisans à l’exercer en France.

« C’est un métier du secret, l’accès à un maître d’œuvre est très difficile car les anciens n’ont pas toujours voulu communiquer et sont partis avec leurs techniques et leur savoir-faire, témoigne ce passionné de gemmologie, géologue de formation.

 

Nous, la jeune génération, nous faisons beaucoup de recherches bibliographiques, nous trouvons des informations en ligne et nous nous renseignons sur ce qui se fait à l’étranger ».

Une ouverture dictée au départ par la nécessité qui pourrait devenir un réflexe salutaire pour continuer à faire vivre et à transmettre de manière vivante ces métiers rares mais indispensables. V.H.