L’UFBJOP a fait appel à un expert du luxe, Nicolas Boulanger*, pour réaliser une étude sur la situation de la filière de production Horlogerie-Bijouterie dans un contexte français et international.
La sous-traitance pour la filière luxe/grandes marques emploie actuellement 12 400 personnes (hors artisans) et se situe au 3e rang derrière la mode (29 000) et la maroquinerie (18 000). En termes de chiffre d’affaires, la Bijouterie et la Joaillerie totalisent 2,5 milliards d’euros contre 6,5 pour la mode et 2,7 pour la maroquinerie. C’est 40 % de plus qu’il y a 20 ans et surtout, la part de la valeur travail par rapport à la part de coût des matières premières (métal précieux et pierres) s’est totalement inversée. Aujourd’hui, la valeur d’un bijou est constituée majoritairement du prix de la façon (90 %) alors qu’il y a 20 ans, celle-ci n’en représentait que 20 %. Cette tendance traduit une montée en gamme des prestations et une concentration sur les activités à haute valeur ajoutée très caractéristique du « Made in France ».
Nicolas Boulanger souligne les points forts de la situation d’aujourd’hui
– Un réel savoir-faire français dans le haut de gamme mais…
– Du côté des donneurs d’ordre, une exigence de rapidité, de bonne gestion, d’organisation souple et réactive des ateliers.
– Du côté des ateliers, une nécessité d’être soutenu, une exigence de temps nécessaire pour « bien faire les choses », un souci lié à la rareté de la main-d’oeuvre joaillière qualifiée.
L’étude reprend quelques verbatim recueillis dans la profession
« Il y a quelques années, la filière était très fragile. Aujourd’hui, elle s’est renforcée, les ateliers ont grossi. Ils disposent d’une meilleure assise financière, technique et organisationnelle ». « Les donneurs d’ordre demandent plus de qualité, plus de rapidité et une capacité de volumes et de pièces unitaires […]. Il y a des attentes fortes de la part de certaines maisons par rapport à leurs fabricants ». « Les donneurs d’ordre vont très vite. Il faut savoir s’occuper de toutes leurs préoccupations en permanence ». Ceci est d’autant plus important que, si la production française occupe une place de leader dans le haut de gamme, les donneurs d’ordre sont très sensibles à la rapidité et à la réactivité des fabricants bien davantage qu’à la notion de prix. Cette donne pourrait cependant changer avec le ralentissement du marché international et un certain retour des maisons vers le marché européen où la notion de prix est centrale. À ce jour, la France ne représente que 5 % du marché de la joaillerie de luxe, l’international 95 %. Les donneurs d’ordre ne cherchent pas seulement de « bons faiseurs », mais également des partenaires capables de partager l’information et les décisions, d’être souples et motivés. La notion de confiance est essentielle. L’éthique est désormais une notion fondamentale, les donneurs d’ordre attendent de leurs fabricants une transparence totale sur ce sujet.
Les conclusions de l’étude sont les suivantes
– La filière française est bien dotée pour pouvoir trouver des relais de croissance en France et à l’export, dans la petite et moyenne joaillerie comme dans la haute-joaillerie. v
– Les relations avec les donneurs d’ordre permettent aux fabricants de développer de nouvelles capacités qui les renforcent dans la concurrence mondiale.
– Cette expertise leur donne un réel avantage par rapport aux pays low cost.
– La pérennité de la main-d’oeuvre qualifiée en joaillerie est cruciale pour maintenir cet avantage concurrentiel
L’étude propose enfin une nouvelle organisation de la profession. Retrouvez l’ensemble des propositions en contactant l’UFBJOP.
*Nicolas Boulanger est le fondateur du cabinet L & CPG. Il a auparavant dirigé pendant de nombreuses années le secteur luxe du département Études des Échos.
Pour toute question, contacter Laurence Chevillon Directrice Développement et Qualité de l’UFBJOP 01 40 26 98 00