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La société lyonnaise spécialisée dans la conception 3D en bijouterie-joaillerie s’implique dans des projets qui ont du sens à l’échelle de la corporation. Explications avec son fondateur et dirigeant Jean Danielian qui nous fait part en même temps de son regard sur les évolutions de son milieu.
L’OFFICIEL HORLOGERIE & BIJOUTERIE : Dans notre précédent numéro, vous évoquiez la refonte de votre site internet. Qu’est-ce qui a motivé le retrait de votre catalogue en ligne ?

JEAN DANIELIAN : C’est une réponse à l’attitude des bijoutiers qui s’autorisent des demandes ahurissantes et voudraient nous imposer des conditions qui sont parfois à la limite de l’insulte.

J’insiste sur le fait que ce n’est pas le cas de tous les bijoutiers, mais c’est désolant de voir si peu de considération et d’esprit de collaboration dans une profession qui est en pleine mutation. Rien ne dit que je ne changerai pas d’avis dans le futur et que je ne réintégrerai pas une offre en ligne. Mais, si tel était le cas, ce serait sous une autre forme.

L’OHB : On sent une pointe d’agacement en vous ?

J. DANIELIAN : Le terme est bien approprié. Nous devons tous composer avec l’existant, même si parfois nous ne le trouvons pas en phase avec ce qui serait le mieux pour la profession. Chacun doit prendre des initiatives et même des risques pour faire bouger les mentalités.

L’OHB : Pourquoi vouloir changer les règles d’un système établi ?

J. DANIELIAN : Je ne veux rien. Je fais juste comme je le sens, dans l’intérêt de mon entreprise et de la corporation au sens plus large.

L’OHB : Pensez-vous que les mentalités évoluent ?

J. DANIELIAN : Le changement s’impose de lui-même à ceux qui faisaient autorité par le passé. Si vous connaissiez l’intégralité du parcours des professionnels lyonnais sur ces trente dernières années, vous n’auriez pas de doute sur l’étendue des évolutions dans la fabrication joaillière. Et aujourd’hui c’est la partie commerciale qui subit les plus grands bouleversements.

L’OHB : Comment se traduit cette évolution ?

J. DANIELIAN : Par une recrudescence de marques émergentes. Beaucoup nous sollicitent pour les accompagner dans leur développement de collections, ainsi que dans leur fabrication. Mais ces nouveaux acteurs n’imaginent pas avoir recours au réseau traditionnel des détaillants.

L’OHB : Une mutation rendue possible par internet…

J. DANIELIAN : Absolument. La diffusion devient accessible à tous sans être prisonnier des intermédiaires. Mais il ne faut pas se leurrer : beaucoup vont tenter l’aventure et quelques-uns seulement vont la réussir. Et pendant ce temps le pouvoir des réseaux de distribution traditionnels est en train de se diluer avec l’arrivée de ces nouveaux acteurs. Nous allons clairement vers une nouvelle répartition des chances.

L’OHB : Vous êtes attentif à ce qui se passe dans votre profession et vous n’hésitez pas à vous investir dans certaines actions. Y en a-t-il une en particulier que vous souhaitez évoquer ?

J. DANIELIAN : Oui, il y a une très belle aventure à laquelle je participe en tant que mécène. Il s’agit du concours du meilleur apprenti de France option sertissage. Cela faisait plusieurs années que son responsable Jean Sébastien Lamour me sollicitait pour être jury au niveau régional.

Jusqu’alors il n’y avait jamais plus de quatre ou cinq candidats à auditer. Il est vrai qu’aucune communication n’était faite sur le sujet, sauf sur le site des Meilleurs Ouvriers de France. Mais cette année les choses ont évolué.

L’OHB : Quel est le bilan de cette nouvelle édition ?

J. DANIELIAN : Le fait de parler de l’événement dans un des précédents numéros de votre magazine a été un déclencheur. Cela a permis de mettre le concours en lumière.

Résultat, nous en serons bientôt à trente candidats venant de grandes maisons, de différentes écoles, mais aussi de petites entreprises voulant donner à leurs apprentis l’opportunité de se mesurer.

L’OHB : Envisagez vous de prolonger votre rôle de mécène pour la prochaine édition ?

J. DANIELIAN : Absolument. C’est une nécessité qui a en plus le mérite de nous procurer un plaisir immense.

L’OHB : Faites vous participer vos apprentis de DJ Serti ?

J. DANIELIAN : Malheureusement non car le fait de disposer des fichiers 3D pourrait créer un doute sur notre honnêteté. Je ne voudrais pas être accusé de favoriser nos apprentis en leur donnant plusieurs chances de recommencer la même pièce jusqu’à obtenir un résultat convaincant.

L’OHB : Vous étiez présent au dernier salon Fashion Paris. Quel bilan faites vous ?

J. DANIELIAN : Mis à part que Paris est devenu impraticable et que cette situation dissuade beaucoup de nos clients de venir, je tiens à saluer tous les efforts de Frédéric Bleu et de son épouse pour organiser un tel salon. Certes nous avons eu moins de visiteurs que les années précédentes, mais notre objectif étant la qualité plutôt que la quantité, je considère une fois de plus que c’était une réussite.

L’OHB : Serez vous présent aux prochaines éditions ?

J. DANIELIAN : Oui bien sûr. Je ne peux que soutenir le courage et l’implication de Frédéric. Nous allons aussi participer à son nouveau salon professionnel prévu en octobre dans un château bordelais. C’est d’ailleurs un beau moyen de nous rapprocher de ceux qui n’ont pas la possibilité de se déplacer à Paris.

L’OHB : Avez-vous d’autres projets à court terme ?

J. DANIELIAN : Oui, principalement deux. Nous sommes en train d’étudier la possibilité d’intégrer l’or Fairmined dans notre offre. Cette demande est de plus en plus fréquente. L’idée d’un or éthique dès l’extraction de la mine nous séduit.

Le second projet consiste à ouvrir un centre de formation. Créer une école est dans l’air du temps. Chacun y va de son académie. Pour l’instant nous en sommes au stade de la réflexion, mais une chose est certaine ; j’ai à cœur de transmettre non seulement un métier mais aussi un état d’esprit.

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