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du métier

                                         Stratégie

Les diamants « éprouvette »

Qu’en est-il de la situation des diamants lab-grown ? Leur production est encore très marginale.

                                                                                 élevés. Seule une perspective de

                                                                                 rentabilité supérieure pourrait faire

                                                                                 évoluer la situation, si la distribution

                                                                                 (bijoutiers, grands magasins) mon-

                                                                                 trait de l’intérêt. Sur le site de l’amé-

                                                                                 ricain D.NEA, le principal fabricant

                                                                                 de diamants synthétiques, un dia-

                                                                                 mant lab-grown est environ 15 à 40 %

                                                                                 moins cher qu’un diamant naturel

                                                                                 incolore mais l’écart peut être de 1 à

                                                                                 10 sur le prix d’un diamant jaune de

Environ 15 pays seraient en                                                      1 carat par exemple.
      mesure de fabriquer des dia-
      mants synthétiques, la Russie en   à 0,6 % du marché du taillé en valeur.  Les problèmes éthiques (conditions
tête, mais également la Chine. Les       Cependant, en l’absence de toute
diamants synthétiques se trouvent        statistique fiable, les avis diver-     de travail dans les mines, diamants
en grande quantité dans les lots de      gent. Un article de 2007 de Gems
mêlés, bien entendu, car il est peu      and Gemology prétend que des            du sang, non-respect du processus
rentable de les expertiser (moins de     mêlés jaunes synthétiques sont fré-
0,2 carat). Mais ces proportions sont    quents dans les lots. Mais le GIA       de Kimberley) sont évidemment un
difficiles à définir précisément. Selon  affirme qu’il n’a pas remarqué de
le Gem & Jewellery Export Promotion      recrudescence des diamants artifi-      terrain propice pour communiquer
Council, la production actuelle de       ciels, déclarés ou non. La présence
diamants de laboratoire serait de        des diamants lab-grown est donc         sur le diamant synthétique, surtout à
350 000 carats, contre 125 millions de   encore faible. Pour le moment, on
carats pour le brut de qualité extrait   se heurte encore à des problèmes        une époque où les sujets d’éthique
des mines (soit 0,28 % du marché).       d’ordre technique. Fabriquer des
Chiffres confirmés par le rapport de     mêlés incolores reste trop cher, le     tendent à devenir le fer de lance
Frost and Sullivan pour 2014, esti-      prix n’étant pas dans la pierre, mais
mant que les diamants synthétiques       dans la taille. Pour des pierres plus   de communication des marques
représentent actuellement de 0,2 %       importantes, les coûts sont aussi trop
                                                                                 comme des gouvernements. D’autre

                                                                                 part, la demande de diamants va

                                                                                 probablement dépasser l’offre

                                                                                 dans les années à venir, tirée par la

                                                                                 demande asiatique. Cette source

                                                                                 de tension sur le marché est un autre

                                                                                 tremplin possible pour le lab-grown

                                                                                 que redoutent les professionnels

                                                                                 de la filière. Une évolution à suivre

                                                                                 de près.■	  	         I.H.

74 - mars / avril 2015
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