Page 79 - OHB58 mars-avril 2020

PROJET MONTAGNE D’OR EN GUYANE

IL BOUGE ENCORE…

On le croyait mort et enterré, mais le projet d’exploitation aurifère Montagne d’or
en Guyane n’en fi nit plus de faire parler de lui.

La demande de renouvellement tionnée par les autorités locales, les
de la concession pour 25 ans opposants au projet ont vivement Les craintes des opposants
de nouveau envisagée réagi, obligeant Paris à se prononcer
publiquement sur l’arrêt des conces- • Le bassin de rétention des
Les deux concessions en cours, sions. La ministre de la Transition eaux usées chargées de
"Bœuf mort" et "Elysée", ont expiré le écologique, Elisabeth Borne, a dû cyanure pourrait déborder
31 décembre 2018. Localement, les dé- réaffi rmer l’opposition du gouverne- ou céder car il est construit
bats se poursuivent au niveau offi ciel ment à ce projet, « incompatible avec sur des terres instables en
alors que le gouvernement français nos exigences environnementales ». cas de fortes pluies
avait émis un avis défavorable en mai Selon Edouard Philippe « Le projet ac- • La mine est située en lisière de
2019, supposé clore le chapitre. tuel ne nous apparaît pas compatible 2 réserves biologiques fragiles
Contre toute attente, la commission avec les exigences que nous nous fixons
locale de Guyane déclarait en oc- en matière de préservation de l’environ- résigne pas à abandonner le projet.
tobre 2019 que des travaux d’explo- nement, de biodiversité ». Des positions Affirmant sa volonté de dialoguer, il se
ration devaient encore être réalisés qui ne semblent en rien tranchées et disait ouvert à toute piste d’améliora-
pour « permettre d’estimer les ré- alarment les adversaires du projet, tion, par exemple en équipant le site
serves et ressources des gisements en première ligne la fondation WWF d’une unité de production d’énergie
d’or primaire » situés dans la conces- France qui regrette que « le gouverne- solaire qui permettrait de répondre à
sion Elysée. Elle allait même jusqu’à ment n’ait toujours pas formellement et plus de 80 % des besoins. Parmi ses
annoncer le début des travaux d’amé- définitivement acté son abandon . » arguments clefs : le taux de chômage
nagement de la mine pour fi n 2020. élevé en Guyane. Pierre Paris envisage
Le doute est entretenu par de créer 750 emplois, sans compter les
Les opposants au projet la compagnie minière retombées de l’activité sur l’écosys-
attendent une position tranchée
Pierre Paris, le président de la com- tème local. Il pointe aussi l’orpaillage
A l’annonce de cette perspective cau- pagnie minière Montagne d’or, ne se illégal, véritable fléau qui « continue à
piller méthodiquement et massivement
la Guyane, au prix d’une destruction de
Les chiffres clés du projet la forêt amazonienne, de la pollution au
mercure de ses rivières, d’une contamina-
• Durée d’exploitation : 12 ans. tion de sa population, et ce, sans aucune
• Surface : 8 km, nécessitant le déracinement de l’équivalent de retombée pour le territoire ni perspective
2
820 stades de football en forêt amazonienne. pour sa jeunesse. » La compagnie mi-
• Production : 7 tonnes d’or par an pendant 12 ans. nière vient de déposer un recours de-
• Energie consommée : 8,5% de la consommation électrique de la Guyane, vant le tribunal administratif.
142 millions de litres de fuel en 12 ans, 140 000 litres d’eau/heure. Le débat n’est donc pas clos sur le projet
• Création de 750 emplois directs et 3000 emplois indirects. Montagne d’or que l’État semble avoir
• Apport de plus de 300 millions d’euros aux fi nances publiques du mal à arbitrer définitivement… I.H.
(à paramètres constants). Chiffres du journal Le Monde d’après
un reportage de Marc Bettinelli
Chiffres du journal Le Monde d’après un reportage de Marc Bettinelli

77 - L’OFFICIEL H&B | MARS - AVRIL 2020 MARS - AVRIL 2020 | L’OFFICIEL H&B - 77