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Décryptage
Montagne d’or en Guyane :
l’exploitation industrielle remise en question
Implanté à 125 kilomètres de Saint-Laurent-en-Maroni en
Guyane française, au cœur de la forêt amazonienne, ce
projet pharaonique réunit contre lui défenseurs des droits de
l’Homme et de l’environnement.
de taxes et d’impôts et 3 milliards d’euros de retombées
économiques directes et induites, tant pour le territoire que
pour l’ensemble de la France ».
Mais cela n’a pas suffi à calmer les esprits. À l’initiative de
France Nature environnement, un débat public a été orga-
nisé. Malheureusement, les représentants de la compagnie
minière (consortium détenu par l’entreprise russe Nordgold
et le canadien Colombus Gold Corporation) n’ont pas jugé
bon de rencontrer les populations autochtones.
C’est ce qu’a relevé Chantal Jouanno, la présidente de
la commission nationale du débat public, regrettant que
les industriels ne se soient pas déplacés à la réunion qui
s’est déroulée en mai 2018 en présence des chefs cou-
tumiers pourtant concernés au premier rang. Elle déplorait
Localisation du projet Montagne d’or par ailleurs que la compagnie minière « n’apporte aucune
réponse aux recommandations de la Commission et de
terme, il serait le plus grand site minier du territoire l’expert hydrogéologue en ce qui concerne la libération de
À national, s’étendant sur 800 hectares. Le projet prévoit métaux lourds ».
d’extraire 85 tonnes d’or primaire en mine à ciel ouvert Les défenseurs des droits humains ont donc eux aussi rap-
pendant un minimum de douze ans. Pour extraire l’or de la pelé à l’ordre le consortium à l’aide de l’article 15 de la
roche, pas moins de 46 500 tonnes de cyanure en circuit Convention 169 de l’OIT*. Dans la foulée, le Haut-Commis-
fermé seraient nécessaires et plus de 55 000 tonnes sariat aux droits de l’Homme exhortait la France à tenir ses
d’explosifs. engagements auprès des peuples indigènes protégés par
Les boues toxiques seraient ensuite stockées dans des la Convention internationale pour l’élimination de toutes
bassins contenus par des digues. Pierre Paris, le président formes de discrimination raciale.
de la compagnie Montagne d’Or en Guyane, se veut rassu- En octobre dernier, c’était au tour d’un collectif réunis-
rant. Il affirmait en juillet 2018 au Parisien : « Nous com- sant plus de 1 700 scientifiques de condamner le projet
penserons notre impact en réhabilitant et en reboisant, et dans une tribune au Monde. Non seulement, l’exploitation
nous assurerons le suivi et le contrôle du site trente ans minière, qui s’étend en partie sur des vestiges précolom-
après la fin de l’exploitation. Montagne d’or, c’est 3 750 biens, entraînerait « la perte irréversible de nombreuses
emplois, dont 90 % en Guyane. Mais aussi 420 millions espèces biologiques », mais elle fait peser le risque d’une
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